L'ENS , une vie intellectuelle collective
L'ENS a offert à Frédéric Keck l'opportunité de faire de la recherche en sciences humaines, lui qui était plutôt destiné à la politique. "L’Ecole m’a fait découvrir la stimulation de la vie intellectuelle collective, que j’ai essayé de poursuivre dans mes propres travaux".
De la vie étudiante à l'ENS, il garde en mémoire "une grande liberté dans le choix des orientations" mais aussi "une certaine solitude quand on ne vient pas de Paris" et surtout "une belle générosité de la part des « caïmans » dans le suivi des élèves".
Un message à transmettre aux futurs étudiants ? "Soyez curieux sur le monde qui vous entoure. Armez-vous pour affronter intellectuellement les crises à venir. N’ayez pas peur du savoir. "
Biographie
Né en 1974 à Villeurbanne, Frédéric Keck intègre l’Ecole normale supérieure en 1994 où il étudie la philosophie. Il étudie également l’anthropologie à l’Université de Californie à Berkeley en 1999 grâce à un échange avec l’Ecole normale supérieure.
En 2003, il soutient sa thèse sur « Le problème de mentalité primitive. Lévy-Bruhl, entre philosophie et anthropologie » à l’Université de Lille-III. Il contribue à l’édition scientifique de plusieurs ouvrages, les «Deux sources de la morale et de la religion » de Henri Bergson, Oeuvres de Lévi-Strauss dans la bibliothèque de la Pléiade et « La mentalité primitive et de l’expérience mystique et les symboles » de Lévy-Bruhl.
En 2005, il entre au CNRS, effectue des recherches et des enquêtes ethnographiques sur les crises sanitaires et les risques alimentaires liés aux maladies animales. Grâce à ses travaux, il est lauréat de la Fondation Fyssen pour le projet de recherche collectif « Les hommes malades des animaux. Anthropologie comparée à la grippe aviaire» en 2007.
Frédéric Keck obtient la médaille de bronze du CNRS en 2011. Il a dirigé le département de la recherche et de l'enseignement du musée du quai Branly entre 2014 et 2018. Il dirige le Laboratoire d'anthropologie sociale depuis le 1er janvier 2019.
Thèmes de recherche :
Biopolitique et biosécurité
Risques alimentaires et crises sanitaires
Réseaux scientifiques, catastrophes écologiques, savoirs locaux
Conservation dans les musées, zoos et réserves naturelles
Principales publications :
2000 Traduction et présentation de l’ouvrage de P. Rabinow, Le déchiffrage du génome,L’aventure française, Paris, Odile Jacob.
2004 Lévi-Strauss et la pensée sauvage, Paris, PUF (trad. espagnol 2005).
2008 « Les usages du biopolitique », L’Homme, n°187-188, p. 295-314.
2010 « Une sentinelle sanitaire aux frontières du vivant. Les experts de la grippe aviaire à Hong Kong », Terrain, n°54, p. 26-41.
2010 Un monde grippé, Paris, Flammarion.
2012 « Nourrir les virus. La biosécurité dans les fermes et les laboratoires », Réseaux, 171, p. 21-44.
2013 « Vaccinés comme des bêtes. Rumeurs autour de la grippe A/H1N1 et la fièvre catarrhale ovine en France en 2009 », Genèses, 91, p. 96-117.
2015 « L’alarme d’Antigone. Les chimères des chasseurs de virus », Terrain, 64, p. 50-67.
2015 (avec M. Ticktin) « La souffrance animale à distance. Des vétérinaires dans l’action humanitaire », Anthropologie et Sociétés, 39, 1-2 : 145-163.
2017 « Anthropologie des microbes. L’oubli de l’immunologie et la révolution du microbiome », Techniques&Culture, 68, 2, p. 230-247.
2018 « ’Ce virus est potentiellement pandémique’. Les énoncés divinatoires des experts de la grippe aviaire », Anthropologie & Société 42, 2-3, p. 271-289.
2019 Valeurs et matérialité - Approches anthropologiques. Editions Rue d'Ulm
2020« Avian Reservoirs. Virus Hunters and Birdwatchers in Chinese Sentinel Posts, Durham, Duke University Press
2020 Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine, Bruxelles, Zones sensibles.