Les « Ciné-rencontres d’Ulm » par Antoine de Baecque
« Il faut se remettre à parler des films et à discuter de cinéma, voici un acte culturel majeur. »
Un nouveau cycle culturel commence le 16 décembre 2021 à l’ENS-PSL : les Ciné-rencontres d’Ulm. Des rendez-vous avec le septième art, initiés et guidés par Antoine de Baecque, professeur au département ARTS et par les plumes cinéma du magazine Transfuge, Serge Kaganski et Frédéric Mercier.
Les Ciné-rencontres d’Ulm permettront de découvrir régulièrement un film d’actualité et d'échanger avec son réalisateur dans le cadre singulier de la salle Dussane de la rue d’Ulm.
Pour le critique et professeur de cinéma, Antoine de Baecque, « c’est l’idée de la rencontre qui est importante, la rencontre avec un ou une cinéaste. Il faut se remettre à parler des films et à discuter de cinéma, entre nous et avec des artistes, voici un acte culturel majeur en ces temps d’isolement et de crispation autour de paroles qui cherchent à faire mal. »
Pour ce projet, l’ENS s’est associée au magazine Transfuge, mensuel culturel aux choix singuliers, dont l’équipe de rédaction s’est montrée d’emblée intéressée par une manifestation cinématographique en milieu étudiant. Antoine de Baecque et les journalistes de Transfuge, Serge Kaganski et Frédéric Mercier, proposeront des films d'actualité qui vont ou qui viennent de sortir en salles, qu’ils ont aimé, et inviteront les cinéastes à venir en parler après la projection de leur film avec les élèves de l’ENS et le public extérieur cinéphile. « C’est ce genre de rencontre qui a fait naître la critique de cinéma au milieu des années 50, et je trouve que le dialogue avec l’artiste peut rester un moment important aujourd’hui. »
La programmation annuelle est lancée pour six séances. Ces séances gratuites, qui mêlent l’actualité du cinéma et le temps de la rencontre sont destinées d’abord aux élèves, enseignants et personnels de l’ENS, ainsi qu’aux abonnés de Transfuge. « Mais l’école est inscrite dans un contexte étudiant et cinéphile plus large dans le Quartier latin : on espère que la salle Dussane sera pleine de ce public-là également. La cinéphilie peut se mobiliser autour de ce genre d’événement, avec un format où le débat est le plus libre et large possible. » Rappelons que l’ENS possède d’ailleurs un ciné-club géré et animé par des élèves volontaires et passionnés. Le professeur de cinéma y est d’ailleurs très attaché. « C’est un espace où les élèves s’occupent entre eux de ce ciné-club, qui leur appartient. Nous proposons autre chose, qui est complémentaire : un film de l’actualité, et non du patrimoine (même récent), et la rencontre avec l’artiste. Plus il y a de cinéma à l’ENS, surtout avec des salles bien remplies, mieux c’est ! »
Du reste, la rue d’Ulm est historiquement un lieu de rendez-vous pour les cinéphiles. La Cinémathèque française Henri Langlois s’y installa en décembre 1955 pour 20 glorieuses années durant lesquelles les amateurs de cinéma parisiens, soucieux de découvrir le patrimoine cinématographique mondial, s'y retrouvaient. Comme nous le rappelle l’historien du cinéma, « les ciné-clubs en France ont su jouer ce rôle, quasi civique, en tous les cas, moral, à certains moments de l’histoire, que ce soit après la Libération ou durant les années 50 et 60. »
Et dans la période que nous traversons, Antoine de Baecque observe encore qu'il est essentiel de « se retrouver dans les salles de cinéma, qui ont perdu pour le moment près de 30% de leurs spectateurs. C’est un acte militant. Et l’ENS peut aussi jouer ce rôle, parce qu’elle est une école ouverte et que nous avons besoin aujourd’hui de cette parole libre et bienveillante sur le cinéma. »
À propos de Antoine de Baecque
Il est aussi membre du conseil scientifique de la Bibliothèque nationale de France et des Rendez-vous de l’histoire. Il fait partie du Comité de rédaction du "Monde des Livres", des revues "Cineaste" (New York), "L’Histoire" et de la "Revue de la Bibliothèque Nationale". Il est membre de la Commission d’aide à l’écriture documentaire du CNC.
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