Rentrée 2024 : un nouveau Master Science de la durabilité

Une formation transdisciplinaire pour faire face aux crises environnementales contemporaines

Créé le
14 mai 2024
Pour la rentrée 2024, l’Université PSL ouvre un nouveau Master Science de la durabilité, opéré par l’ENS – PSL en collaboration avec Dauphine – PSL, Chimie Paris – PSL et l'École nationale des Chartes – PSL. L’objectif ? Former à la recherche transdisciplinaire pour mieux affronter les défis de transitions sociales et écologiques dans toute leur complexité, via une pédagogie centrée sur l’approche par projet, le travail en groupes d’étudiants pluridisciplinaires et la pratique de la recherche avec les acteurs non académiques.
Corinne Robert et Amaury Lambert, codirigent ce Master. Lors d’un entretien, ils reviennent sur sa genèse, fruit d'une initiative du département de biologie de l’ENS-PSL et du Centre d'Enseignement et de Recherche sur l'Environnement et la Société (CERES), et détaillent les enjeux de cette formation inédite.
Amaury Lambert et Corinne Robert
Amaury Lambert et Corinne Robert

Qu’appelle-t-on exactement la science de la durabilité aujourd’hui ?

Amaury Lambert : La science de la durabilité est une science intégrative émergente qui vise à comprendre les interactions complexes entre l’environnement et les activités humaines. Elle croise les apports de l’ensemble des disciplines classiques et les mobilise conjointement pour imaginer une société équitable, respectueuse des limites planétaires, des équilibres naturels et des générations futures.

Comment s’est créé le Master Science de la durabilité ?

Corinne Robert : Depuis une vingtaine d'années, les crises environnementales et sociales motivent des étudiants et étudiantes de l'ENS-PSL à enrichir leur parcours au-delà de la recherche et de l'enseignement des disciplines classiques. Dans cette optique, le CERES, le Centre d'Enseignement et de Recherche sur l'Environnement et la Société, propose un éventail de cours et d'ateliers autour des enjeux environnementaux et de société. Ces enseignements ont la particularité de s'adresser à des étudiants de toutes disciplines et offrent un lieu de dialogue et de travail interdisciplinaire autour des questions environnementales contemporaines. Ils sont la base de l'obtention de la mineure environnement de l'ENS - PSL. Depuis quelques années, la demande pour une formation diplômante de master sur ces aspects s’est faite de plus en plus palpable.

Amaury Lambert : Le Master Science de la durabilité est le fruit d'une initiative conjointe du département de biologie de l’ENS-PSL et du CERES, afin de proposer une formation diplômante basée sur l'expérience originale du CERES. Le processus a démarré au printemps 2022 par une enquête « dans l'optique de la création de parcours de masters interdisciplinaires autour de la transition écologique et sociale et du changement climatique » produite par l’association étudiante Ecocampus-ENS, encadrée par Elodie Cuvillier (élève au département de biologie), et qui a recueilli près de 200 réponses d'étudiants et étudiantes de l'École normale. Cette enquête a permis de confirmer l'enthousiasme de la communauté normalienne et d'explorer ses attentes en termes de savoirs académiques et non académiques pour le développement de travaux pour la transition écologique et sociale. À la suite de cette enquête fin 2022, Corinne Robert et moi-même avons été saisis d'une feuille de route par la vice-présidence formation de PSL et la direction de l'ENS-PSL pour élaborer une proposition au printemps 2023. 

 « Le Master Science de la durabilité s'inscrit dans la proposition d'une formation à la recherche transdisciplinaire, ancrée dans l'action pour les transformations écologiques et sociales face aux crises environnementales contemporaines. »
Corinne Robert, directrice du Master Science de la durabilité


Quels sont les objectifs et les enjeux de ce Master ?

Corinne Robert : Le Master Science de la durabilité s'inscrit dans la proposition d'une formation à la recherche transdisciplinaire, ancrée dans l'action pour les transformations écologiques et sociales face aux crises environnementales contemporaines. Son objectif est de former ses étudiants et étudiantes, d’une part à la recherche interdisciplinaire qui transcende les frontières disciplinaires et d’autre part à la recherche transdisciplinaire qui mobilise plusieurs disciplines et se construit avec les acteurs non académiques. Pour cela le master porte plusieurs particularités : il s'adresse aux étudiants et étudiantes de toutes disciplines, désireux d'acquérir une expertise en profondeur dans leur discipline socle, tout en développant des compétences axées sur la recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire. Dans cette optique, il met en œuvre une pédagogie centrée sur l’approche par projet, le travail en groupes d’étudiants pluridisciplinaires et la pratique de la recherche avec les acteurs non académiques.

« Cette formation s'adresse aux étudiants et étudiantes de toutes disciplines, désireux d'acquérir une expertise en profondeur dans leur discipline socle, tout en développant des compétences axées sur la recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire. »
Corinne Robert, directrice du Master Science de la durabilité

Qui peut postuler à ce master et à qui s’adresse-t-il ?

Amaury Lambert : Toute personne titulaire d'un diplôme de licence ou équivalent peut postuler, quelles que soient sa ou ses spécialités, pourvu que son projet soit en adéquation avec l'approfondissement en première année de master d’une discipline classique enseignée dans l’un des 13 masters PSL partenaires. Elle doit également pouvoir justifier d'un cursus adéquat dans cette discipline pour y être acceptée. Le Master s'adresse aux étudiants et étudiantes animés d'une solide motivation pour contribuer à une recherche transformative dans le cadre des crises environnementales contemporaines. Ils doivent aussi être intéressés par le travail en groupe d'étudiants de disciplines variées, collaborant avec des acteurs non académiques.  

Comment ce Master s’organise-t-il ? Quelle est sa place au sein de l'École normale ?

Amaury Lambert : Le Master Science de la durabilité est un Master de l’Université PSL opéré par l’ENS – PSL en collaboration avec Dauphine – PSL, Chimie Paris – PSL et l'École nationale des Chartes – PSL. À la différence des autres masters opérés par l’École normale, celui-ci n’est hébergé dans aucun département en particulier, mais collabore avec tous, dans la prolongation de ce que fait le CERES.

Corinne Robert : En première année, les étudiants et étudiantes approfondissent leur discipline socle en intégrant une grande partie d’un master partenaire disciplinaire. Ils commencent à explorer une recherche interdisciplinaire en participant à un atelier et un cours du CERES. La transdisciplinarité est pleinement activée en deuxième année. L'inscription au Master Science de la durabilité est ainsi doublée en Master 1 par une inscription pédagogique dans un master disciplinaire de PSL, dit « master partenaire », dont le cursus forme la majeure partie de la formation de cette première année.

Les principaux axes de formation du Master Science de la durabilité

- Acquérir une base académique solide dans une discipline et la mobiliser dans une recherche inter et transdisciplinaire,
- Acquérir un socle théorique de connaissances permettant d'appréhender la complexité des enjeux environnementaux contemporains, des solutions, et la compréhension des acteurs en jeu,
- Acquérir des compétences pratiques et méthodologiques pour des recherches sur les transformations écologiques et sociales (modélisation, enquêtes, communication et concertation),
- Apprendre à participer activement à des projets collaboratifs, en groupe d'étudiants, avec des chercheurs et des acteurs non académiques.

Pour quels débouchés suivre ce master ?

Amaury Lambert : La formation prépare les étudiants et étudiantes à des carrières dans la recherche interdisciplinaire et transdisciplinaire, mais présentera également de multiples débouchés dans le secteur privé, vers des entreprises à vocation sociale et environnementale, des ONG œuvrant pour une transition durable et équitable, des think tanks, des cabinets de conseil... ainsi que dans le secteur public, comme les institutions gouvernementales, les agences environnementales ou sociales, les collectivités locales... Il est à noter que le Master n’est pas spécialisé sur les aspects d’ingénierie de la transition.

Ce master est hautement interdisciplinaire. En quoi, selon vous, cette approche est-elle essentielle pour appréhender les enjeux de transitions sociales et écologiques ?

Corinne Robert : Les enjeux de transitions sociales et écologiques sont complexes et systémiques. Mobiliser des disciplines variées telles que les sciences sociales, les sciences de la terre et de la biodiversité, les sciences expérimentales, les humanités, la physique, la chimie, l'économie, la sociologie, la géographie, les sciences cognitives, le droit, la philosophie, l’histoire, les mathématiques etc., promeut le développement d’une vision systémique interdisciplinaire, utile pour la compréhension des enjeux, mais également pour la proposition de solutions prenant en compte différents aspects du problème. De plus, la collaboration avec les acteurs non académiques permet de développer une recherche transformative transdisciplinaire, ancrée dans l'action et qui appelle à la collaboration entre plusieurs disciplines.

Avez-vous un conseil pour toute personne qui souhaiterait postuler à ce master ?

Corinne Robert : Je conseille aux étudiants et étudiantes de postuler à ce master s’ils sont convaincus de l’urgence de trouver des réponses vis-à-vis des crises contemporaines sociales et écologiques, s’ils ont envie de s’entourer de camarades de disciplines différentes, d’apprendre à se comprendre et à travailler ensemble. Les candidats et candidates doivent être également motivés à l’idée de collaborer avec des acteurs du monde académique et non académique pour mettre en place une recherche-action engagée pour les transformations écologiques et sociales.

Amaury Lambert : Pour ces personnes, il est important de prendre soin à la réflexion et à la rédaction des réponses aux questions posées pour la lettre de motivation, que je détaille ici pour mémoire :
- Comment vous êtes-vous formé aux crises écologique et climatique et/ou aux problématiques de transition, dans votre cursus, vos stages, par vos lectures, votre engagement ou toute autre activité ?
- Sur quel sujet concret lié aux transitions sociales et environnementales aimeriez-vous travailler et comment envisagez-vous d’y mobiliser votre discipline principale ?
- Quelles connaissances et compétences aimeriez-vous apprendre au cours de votre formation pendant vos deux années de Master de Science de la durabilité ?
- Où vous voyez-vous après le Master ? Dans 5 ans ?
- Qu’aimeriez-vous faire ou apprendre si vous ne suiviez pas ce Master ?