« Ce qui ressort à l’ENS ? La liberté de pouvoir toucher à tout ! »

Originaire de Guadeloupe, Zoé Behnke a intégré le département de géosciences de l’ENS-PSL en septembre 2024. Très sensible aux enjeux environnementaux actuels, elle reste encore indécise quant à son parcours professionnel et compte sur l’École normale supérieure pour l’aider à trouver sa voie. Rencontre.
 

Zoé BEHNKE
Zoé Behnke

Il y a à peine quelques mois, Zoé Behnke faisait sa première rentrée à l’ENS-PSL. Elle quittait ainsi la Guadeloupe pour venir étudier à Paris. Un départ prolongé de son île natale, mais pas le premier : en seconde, Zoé a effectué une année d'échange dans la ville de Greifswald, en Allemagne. « Je suis franco-allemande, ma mère est née en Guadeloupe et mon père est allemand », explique-t-elle.

De la médecine aux géosciences

Zoé passe ses deux dernières années de secondaire au lycée Charles Coeffin, à Baie-Mahault, au centre de la Guadeloupe. Elle choisit pour spécialité la physique-chimie, la SVT et les mathématiques, avant de garder uniquement les deux premières disciplines de spécialisation en terminale. « Du collège jusqu’à la fin du lycée, je pensais me diriger vers des études de médecine, un choix qui m’a motivée à aller vers les sciences dures », justifie-t-elle. « Mais je n’avais jamais entendu parler des classes préparatoires et n’était pas du tout familière avec leurs débouchés, jusqu’à ce que mon professeur de physique de première m’en parle. » Sur ses conseils, « et un peu au hasard », la lycéenne rajoute au milieu de toutes les facultés de médecine convoitées la prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) du lycée de Baimbridge, non loin de Pointe-à-Pitre. « Finalement, je n’ai plus voulu faire médecine et j’ai pu me reposer sur cette autre possibilité. » Désormais, Zoé souhaite poursuivre dans les géosciences et travailler sur des problématiques environnementales actuelles, et ce pourquoi pas dans la recherche. 

« On a rapidement l’impression d’être impuissant ou investi dans une lutte inégale, mais de telles personnes nous montrent qu’il y a toujours moyen d’agir. »

Végétarienne depuis ses 7 ans, elle s’est toujours sentie particulièrement concernée par les défis environnementaux d’aujourd’hui et l’éthique animale : « Notre façon d’objectifier les animaux comme de simples moyens nous permettant de répondre à nos besoins n’a jamais fait sens pour moi », souligne-t-elle. La lecture, il y a quelques années, de Sea Shepherd, le combat d’une vie par le militant Paul Watson, lui a fait forte impression. « Sa façon de véritablement vivre son engagement et ses idéaux m’a bouleversée », explique-t-elle. « On a rapidement l’impression d’être impuissant ou investi dans une lutte inégale, mais de telles personnes nous montrent qu’il y a toujours moyen d’agir. »

Recherche et transdisciplinarité

À la rentrée de sa classe préparatoire, Zoé apprend l’existence de l’ENS-PSL. « C’est rapidement devenu mon premier choix, tant par son orientation vers la recherche que par la transdisciplinarité qu’elle prône », explique-t-elle. « Mais aussi tentante soit-elle, cette école me paraissait alors inatteignable, par la difficulté des concours, son prestige et l’éloignement géographique par rapport aux autres candidats, qui ne permet pas vraiment de se situer en termes de niveau. » De son propre aveu, intégrer l’ENS-PSL a été « une véritable fierté personnelle », estime-t-elle. « J’espère aussi que c’est un exemple pour les prochains étudiants guadeloupéens ou éloignés de la capitale. Rejoindre l’École normale, il faut y croire, c’est faisable ! »

« J’ai choisi les géosciences car on y continue d’utiliser au quotidien des outils comme les mathématiques ou la physique. »

Au passage, Zoé en profite pour s’adresser à toutes celles et ceux qui souhaiteraient intégrer l’établissement : « venant de BCPST, je vous conseille de vous intéresser à toutes les matières et de faire le lien entre les différents enseignements », indique-t-elle. « L’idéal est de réussir à allier connaissance précise des détails, manipulation des méthodes et curiosité. »

L’étudiante fait ainsi sa première rentrée en septembre 2024, au département de géosciences de l’ENS-PSL. « J’ai choisi ce département car on y continue d’utiliser au quotidien des outils comme les mathématiques ou la physique, des matières que j’ai beaucoup aimées en classe préparatoire. », justifie-t-elle. Elle retrouve également avec joie des disciplines qu’elle avait été forcée d’abandonner lors de ses études, comme la littérature.

Élargir ses horizons

Les deux premières semaines de Zoé sont vouées à la découverte de l’École, de son fonctionnement, des enseignements proposés et de ses diverses associations étudiantes. « Ce qui ressort à l’ENS est la liberté des études pour chacun, libre à nous de choisir ce qui nous plaît ! », considère-t-elle.
La semaine suivante, via le département de géosciences, elle part effectuer un stage de terrain à Barles, dans les Alpes. « em>S’en est suivie une petite période de réadaptation au rythme des cours. » La nouvelle normalienne apprécie « énormément » la diversité des profils des étudiants et des sujets d’étude. « Il y a une belle opportunité d’élargissement d’horizons par le prisme de la rencontre avec d’autres étudiants et étudiantes ».

Et si Zoé ne s’est pas encore engagée dans une association étudiante, l’idée fait son chemin : « l’offre est bien trop appétissante ! ». Elle songe particulièrement à intégrer la fanfare, qui autorise les grands débutants à rejoindre leurs rangs, et ainsi apprendre à jouer d’un tout nouvel instrument. « Je trouve incroyable l’organisation de tous ces clubs, qui est purement de l’initiative étudiante. »

Adepte des sports nautiques, elle a pratiqué pendant son adolescence la natation, l’apnée, la plongée, des sports de voile, le surf et même de la natation synchronisée en compétition, ce qui l’a menée plusieurs fois en France métropolitaine. « J’aime tout ce qui a rapport à l’eau », résume-t-elle. « C’est vrai qu’à Paris, l’accès à la mer est un peu plus compliqué. » Alors, dès qu’elle le peut, Zoé va à la piscine « pour se vider la tête » et décompresser. « L’eau est réellement mon élément, j’ai l’habitude de dire qu’à force d’y passer autant de temps, je ne supporte plus la gravité ! » Mais la normalienne compte bien saisir les opportunités offertes par son déménagement à la capitale : « Certes, l’océan me manque, mais j’ai hâte de profiter de l’accès à toute cette culture et de découvrir de nouveaux horizons ! »

Prendre le temps de découvrir

Ce que Zoé attend de ses années à l’École normale supérieure - PSL ? « M’orienter ! », indique-t-elle sans hésiter, encore très indécise quant à son projet professionnel. « Pour l’instant, je ne sais vraiment pas vers quelle spécialité me diriger », confie-t-elle. « On nous fournit beaucoup d’exemples de parcours, tous différents – j'avais d'ailleurs lu des portraits d’étudiants sur le site de l'ENS et ils m'avaient fortement donné envie de rentrer à l'École – ce qui me conforte dans l’idée que je trouverai bien ma voie », ajoute-t-elle.

« C’est une vraie chance de pouvoir toucher à tout et prendre le temps de découvrir ce qui me plaît le plus. »

Une chose est sûre : la normalienne aimerait travailler sur les questions de changement climatique « et toutes ses conséquences qui sont aujourd’hui plus importantes que jamais. Mais le problème peut être attaqué de plusieurs angles possibles et il est difficile de choisir lequel ! ». Zoé loue la diversité des enseignements du département de géosciences, du climat à la géologie en passant par les sciences du sol, et qui lui permettra « d’avoir une idée de ce qui [lui] plaît réellement », espère-t-elle. « L’offre très importante de cours peut parfois être intimidante, mais le nombre d’années passées à l’École permet de relativiser et de ne pas être trop pressé. » L’étudiante compte également sur les différents stages proposés pour se confronter à la réalité du travail de chercheur et voyager. « C’est une vraie chance de pouvoir toucher à tout et prendre le temps de découvrir ce qui me plaît le plus », conclut Zoé.

 

Mis à jour le 12/11/2024