Particules fines : une étude de l’ENS – PSL montre l’importance des informations personnalisées sur les émissions pour lutter contre la pollution du chauffage au bois
Le chauffage au bois résidentiel est responsable de plus de pollution aux particules fines que le trafic routier et l'industrie. Une nouvelle étude menée par Rita Abdel Sater (Département d’études cognitives, Ecole Normale Supérieure - PSL), Mathieu Perona (CEPREMAP), Elise Huillery (Dauphine Paris - PSL) et Coralie Chevallier (Département d’études cognitives, Ecole normale supérieure - PSL) met en lumière l'efficacité d'informations personnalisées pour réduire cette source majeure de pollution et améliorer la santé publique grâce à des interventions ciblées. Intitulée "The power of personalised feedback: Evidence from an indoor air quality experiment", cette étude a été publiée dans le journal Behavioral Public Policy.
L'impact négatif des cheminées sur la santé est très largement méconnu. En Île-de-France, le chauffage au bois crée autant de pollution aux particules fines que l'ensemble du secteur des transports ; l'enjeu pour la santé publique est donc majeur. La difficulté est qu'il ne suffit pas d'informer pour que les comportements changent. En effet, notre psychologie et l'image très positive à laquelle est associée le feu de bois nous empêchent de croire aux dangers pour la santé de ce type de chauffage. Pour que les comportements changent, les chercheurs montrent que les gens ont besoin de percevoir leur propre pollution intérieure.
L'étude a mobilisé 281 ménages volontaires en France équipés de capteurs du niveau de pollution. Cette étude a permis d'évaluer deux interventions visant à sensibiliser aux risques pour la santé de la pollution aux particules fines. La première intervention fournissait des informations génériques sur les dangers des particules fines (PM2.5) présentées dans un format attractif. La deuxième intervention comprenait les mêmes informations mais ajoutait des informations personnalisées permettant à chaque foyer de connaître le niveau réel de pollution aux particules fines à l'intérieur de son logement.
Les informations fournies aux volontaires ayant participé à l'étude portaient sur l'ensemble des sources de pollution de l'air intérieur, avec une emphase particulière sur la pollution causée par le chauffage au bois.
Les résultats montrent que les deux interventions améliorent la connaissance des ménages sur les sources de pollution. Cependant, seule l'intervention personnalisée conduit à des changements de comportements visibles et à une baisse des émissions de PM2.5. Dans le groupe qui a reçu les informations personnalisées, la baisse des émissions de PM2.5 est de 20 % en moyenne. Elle atteint même 40 % dans les foyers les plus pollués.
Les auteurs de l'étude soulignent que cette nouvelle approche fournit des outils originaux permettant de lutter contre la pollution de l'air, en particulier celle qui est causée par le chauffage au bois, un problème majeur de santé publique encore insuffisamment pris en compte.
Cette recherche a été menée en collaboration avec la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement, de l'aménagement et des transports (DRIEAT) et la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP).