Agrégations 2023 et 2024 : trois ouvrages aux Éditions Rue d’Ulm pour se préparer

Considérations actuelles à l'usage des agrégatifs

Par Lucie Marignac, directrice des éditions Rue d'Ulm

Chaque année au printemps, le programme des agrégations de l'année suivante est riche en pistes de lecture et il est rare que tel ou tel ouvrage, récent ou moins récent, du fonds des éditions Rue d'Ulm ne puisse pas apporter un peu ou beaucoup aux préparationnaires.

La moisson 2023 pour les agrégations 2024 (et dès l'oral de 2023 pour l'agrégation d'anglais) est spécialement pertinente, avec deux livres en prise directe sur le programme et un troisième très utile pour donner un peu de contexte aux candidats.

En anglais, l'équipe conduite par Agnès Derail et Hélène Aji a organisé une précieuse journée sur Tender Is the Night, le roman le plus noir et le plus « désaxé » de Fitzgerald, nouveau texte pour les programmes 2023 et 2024 (chaque auteur y restant deux ans de suite). Les interventions en anglais et en français sont désormais réunies en un volume tout juste paru.

En lettres, le brillant essai de Julien Zanetta sur Baudelaire et l'esthétique du laid, qui analyse la critique d'art du poète à partir de ses rejets, est indispensable si l'on veut appréhender l'auteur choisi l'an prochain par le jury pour représenter le XIXe siècle, ainsi que les Salons de 1845, 1846 et 1859. Richement illustré en noir et en couleur, il donne véritablement à voir la peinture (du gnangnan au pompier en passant par le poncif ou le barbouillage) que Baudelaire avait en horreur – « l'hôpital de la peinture » comme il le dit lui-même sans indulgence.

En philosophie enfin, les études réunies dans la collection « Figures normaliennes » sur l'engagement politique de Simone Weil, non seulement dans le syndicalisme ouvrier, mais aussi aux côtés des Républicains espagnols ou auprès de la France libre, permettent de lire dans toute leur profondeur les pages de La Condition ouvrière au programme.
 

Bonne chance à tous !

Lucie Marignac

Ouvrages proposés par les éditions Rue d'Ulm

Agrégation de Lettres modernes, Lettres classiques, Grammaire
Écrit et oral (auteur du XIXe siècle)
Ouvrage au programme : Écrits sur l’art (les « Salons » de 1845, 1846, 1859), par Charles Baudelaire

À lire aux Éditions Rue d’Ulm : L’Hôpital de la peinture. Baudelaire, la critique d’art et son lexique, de Julien Zanetta.

Le propos de ce livre repose sur une conviction, qui vaut comme méthode lorsqu’il s’agit d’aborder la critique d’art de Baudelaire : on ne peut penser la bonne peinture qu’au miroir de la mauvaise. On ne comprend pas complètement la valeur propre qu’une œuvre réussie prend aux yeux du poète si l’on ne possède pas de contre-exemple auquel l’adosser ou la confronter. Ce qui est moqué, ce qui est tourné en dérision, tout ce qui se trouve relégué dans ce que Baudelaire nomme « l’hôpital de la peinture » offre une diversité lexicale bien plus riche que l’appréciation, si complexe fût-elle, d’un idéal propre au critique.

Collection « Æsthetica », 2022
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Agrégation de Philosophie
Oral, explication de texte
Ouvrage au programme : La Condition ouvrière, par Simone Weil

À lire aux Éditions Rue d’Ulm : Simone Weil, lectures politiques, sous la direction de Valérie Gérard

Tous les combats politiques de Simone Weil (dans le syndicalisme ouvrier, aux côtés des Républicains en Espagne, à Londres auprès de la France libre) se sont accompagnés d’une intense activité d’écriture, à la fois tentative d’agir sur la conjoncture politique et travail moral d’accommodation avec le monde. Cette écriture est à l’image d’un engagement impossible et nécessaire : sans illusion mais imposé par l’expérience du déracinement, en particulier dans l’épreuve de la guerre. Les lectures présentées ici, centrées sur les années 1937-1943, suivent les différentes formes que prend une œuvre écrite au contact du malheur, une écriture en guerre, déchirée et critique.

Collection « Figures normaliennes », 2011
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Agrégation d’Anglais
Nouvel auteur au programme en 2023 et 2024
Ouvrage au programme : Tender Is the Night, de Francis Scott Fitzgerald

À lire aux Éditions Rue d’Ulm : F. S. Fitzgerald, Tender Is the Night. L’œuvre singulière, textes édités par Hélène Aji et Agnès Derail

À un moment de l’histoire encore hanté par la Grande Guerre et déjà lassé des fêtes du Jazz Age, Tender Is the Night se construit comme la chronique désaxée d’une perte des certitudes et des repères : consumérisme et prédation informent les relations humaines et forcent à l’isolement ceux qui ne s’y conforment pas ; transgression et silence étouffent les êtres indifféremment, quel que soit leur rôle dans une tragédie dérisoire ; malgré les liaisons, les liens ne se tissent pas et rien ne permet aux groupes qui semblent se composer de faire communauté.
Le mode narratif adopté par Fitzgerald propose une modélisation de ce constat social et culturel qui entame la possibilité de faire œuvre. Exceptionnel par son ampleur et sa noirceur, le texte donnerait à lire les manifestations d’une défaisance dont la violence met en question l’intégrité de la narration en même temps qu’elle condamne les individus à la singularité.

Actes de la recherche à l'ENS n° 35, avril-mai 2023
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