Bienvenue à Melissa Lane
Professeure invitée au Département de philosophie de l'ENS
L'ENS accueille régulièrement des enseignants chercheurs étrangers renommés pour leurs compétences dans leur domaine. En mai et juin 2022, le département de philosophie accueille Melissa Lane, professeure titulaire de philosophie politique à l'Université de Princeton.
Spécialiste de la philosophie politique antique, Melissa Lane est professeure titulaire de philosophie politique à l'Université de Princeton, un poste qu'elle occupe depuis 2009. Auparavant, elle était chercheur principal au King's College de Cambridge et directrice associée de leur Centre d'histoire et d'économie, faisant ainsi le lien entre études classiques et sciences politiques. Elle a enseigné la pensée politique à la faculté d'histoire de l'université de Cambridge de 1994 à 2009. Directrice du Princeton Program in Values and Public Life et membre associé de la faculté du Princeton Environmental Institute, Melissa Lane fait partie du comité directeur d'un projet sur l'incertitude et le changement climatique. Elle s'intéresse principalement à la pensée politique de la Grèce antique et à sa signification moderne.
Melissa Lane est membre de la Royal Historical Society et de la Royal Society for the encouragement of the Arts, Manufactures and Commerce.
Ses travaux de recherche
Les travaux de Melissa Lane se concentrent sur l'histoire de la pensée politique et de la philosophie politique, avec un fort ancrage dans la pensée politique de la Grèce antique, tout en couvrant à la fois les anciens et les modernes. Ce large éventail se reflète dans ses travaux : elle contribue à la Cambridge History of Greek and Roman Political Thought (2000), dont elle a également été l’un des éditeurs associés, et à la Cambridge History of Twentieth-Century Political Thought (2003) ; ses recherches sur la pensée du XXe siècle se reflètent également dans sa coédition de A Poet's Reich : Politics and Culture in the George Circle (2011).
Melissa Lane est l’une des spécialistes internationalement reconnue, avec Dimitri El Murr, directeur du département de philosophie de l’ENS, de la philosophie politique de Platon, et plus particulièrement du Politique de Platon sur lequel ils ont chacun écrit un ouvrage et de nombreux articles scientifiques. De Melissa Lane, on peut ainsi citer Method and Politics in Plato's Statesman (Cambridge, 1998) et Plato's Progeny : How Plato and Socrates still captivate the modern mind (Duckworth, 2001), et son introduction à l'édition Penguin Classics de la République de Platon (2007). Elle est l'auteur de l'article "Ancient Political Philosophy" dans la Stanford Encyclopedia of Philosophy et a été conférencière plénière lors du symposium 2010 de l'International Plato Society sur la République de Platon à Tokyo, au Japon.
Elle est également connue pour sa capacité à aborder les questions modernes à partir de la pensée politique et de l'éthique antiques. Particulièrement dans son troisième livre, Eco-Republic, publié en 2011 par Peter Lang au Royaume-Uni et en 2012 par Princeton University Press aux États-Unis. Ce livre s'inspire de la République de Platon pour réfléchir à la stabilité psychosociale en tant que composante essentielle de la durabilité écologique.
Les enseignements de Melissa Lane à l'ENS
Quatre séminaires :
Lundi 23 mai - 16h-18h en salle des Résistants (45 Rue d’Ulm - Esc. A, 1er étage) : « Of Rule and Office: Plato’s Ideas of the Political »
Lundi 30 mai - 16h-18h en salle des Résistants (45 Rue d’Ulm - Esc. A, 1er étage) : « Plato’s Statesman : Ruling »
Jeudi 9 juin - 17h-19h en salle des Résistants (45 Rue d’Ulm - Esc. A, 1er étage) : « Plato’s Statesman : Caring »
Jeudi 16 juin - 17h-19h en salle Pasteur (45 rue d’Ulm - 1er étage du département de philosophie) : « Plato’s Statesman : Weaving»
Quelques mots de Dimitri El Murr, directeur du département de philosophie de l’ENS-PSL
« Après une histoire longue et tourmentée, les Grecs de l’Antiquité, c’est bien connu, ont inventé une forme politique, la cité-État, et lui ont donné une forme institutionnelle particulière, la démocratie. Observant ces réalités historiques et politiques particulières, les philosophes ont naturellement inauguré sur elles une réflexion nouvelle.
C’est cette réflexion que nous nommons « philosophie politique » : elle s’intéresse, notamment, aux soubassements théoriques de la question de la meilleure forme de gouvernement, à la nature des différents liens qui unissent les hommes pour en faire des citoyens, aux limites de la démocratie, aux risques que représente la tyrannie et aux différences entre tyrannie, royauté et oligarchie, à la spécificité de l’action politique, etc. Parce qu’ils se sont emparés de l’ensemble de ces questions et de bien d’autres, et parce qu’ils furent les premiers à les formuler à la hauteur qu’elles requièrent, Platon et Aristote ont donné à la philosophie politique ses mots, ses concepts et ses questions. Ni l’un ni l’autre – c’est peu de le dire – ne furent des démocrates. Ils ont constamment souligné les défauts et les limites de la démocratie, et notamment Platon qui connut la guerre du Péloponnèse qui opposa la démocratie athénienne à l’oligarchie spartiate, les coups d’état oligarchiques à Athènes en -411 et -404 et la condamnation de Socrate par la démocratie en -399. Mais les analyses que Platon et Aristote ont développées des limites de la démocratie, des risques de dérive qui lui sont inhérents, de la dictature de l’opinion dans laquelle elle peut sombrer et des difficultés qu’elle peut avoir à intégrer la connaissance dans ses processus de décision sont autant d’analyses qui nous parlent encore aujourd’hui, même s’il ne s’agit pas, bien sûr, de défendre l’actualité du gouvernement platonicien des philosophes-rois (ou reines), ni de la politie aristotélicienne, savant mélange de démocratie et d’aristocratie !
C’est là l’une des nombreuses forces des travaux de Melissa Lane : fondés sur une profonde rigueur historique et philosophique, ils ne font pas dire aux textes de Platon et d’Aristote autre chose que ce qu’ils disent, mais ils interrogent le détail de leurs arguments, leurs rapports à l’histoire et font voir ce qui, chez ces deux philosophes, reste vivant pour nous. De ce point de vue, les réflexions de Melissa sur l’intérêt du concept platonicien de modération pour notre réflexion contemporaine sur l’écologie, ou sur la notion platonicienne de gouvernement savant, sont particulièrement stimulantes. J’invite toutes celles et tous ceux intéressés par ces questions et par la philosophie politique en général à venir assister à ses séminaires qui seront consacrés à la République et surtout à un dialogue de Platon que Melissa et moi-même aimons tout particulièrement : le Politique. »