Briser les codes : l’initiative Coding Sisters
L’association Coding Sisters organise un espace bienveillant de tutorat à l’ENS, destiné aux lycéennes qui souhaitent se lancer dans la programmation tout en questionnant certains stéréotypes liés aux technologies.
Le code, les algorithmes, la programmation… Des techniques pour lesquelles on imagine encore souvent un homme derrière l’écran. C’est avec l’envie de briser ces codes que l’initiative a vu le jour en janvier 2020. À l’origine du projet : France Rose, post-doctorante en biologie computationnelle à l’Université de Cologne et ancienne élève de l’ENS-PSL.
Le code se conjugue aussi au féminin !
Parce que « Le code se conjugue aussi au féminin et dans la diversité », l’approche propose aux lycéennes un atelier de tutorat gratuit à l’ENS. L’objectif ? Accueillir dans un cadre bienveillant les jeunes filles et minorités de genres, afin de leur enseigner le code informatique selon leurs envies. Des séances hebdomadaires réparties sur cinq à six semaines entre les vacances scolaires, avec possibilité de renouveler si affinités. Pas de devoirs dans ces cours particuliers, la seule exigence : s’engager pour la session. Chaque codeuse progresse à son rythme grâce à des projets personnalisés et une équipe d’encadrantes à l’écoute, un tutorat qui ne ressemble en rien aux cours de la semaine. Le maître mot, c’est la pratique ; et il en faut lorsque l'on s’attaque à Python ! Pas de reptile en vue, mais un langage informatique généraliste très répandu, enseigné dans l’option numérique au lycée et pratiqué couramment par France Rose.
Un projet nouveau en France
L’idée du projet Coding Sisters a commencé à se développer lors de la dernière année de sa thèse, en regardant le documentaire CODE : Debugging the Gender Gap qui met en lumière les inégalités de genres dans l’informatique aux USA. « J’ai alors cherché ce qui se faisait en France : pas grand-chose », avoue France. La Summer School organisée à l’École supérieure de physique et de chimie (ESPCI) par Juliane Klamser, sera le déclic pour France qui y est bénévole. Elle en ressort alors avec l’ambition de mettre en place une pédagogie régulière pour l’apprentissage de la programmation. À ce jour, Coding Sisters compte une dizaine d’encadrantes bénévoles de parcours différents : chercheuses, ingénieures ou encore chargées de projet dans l’informatique. En proposant un tutorat évolutif, elles reprennent les bases et concepts du code afin d’accompagner les lycéennes, qu’elles soient débutantes ou confirmées. « La plupart des élèves sont curieuses d’essayer le code sans forcément connaître ou avoir d’attentes particulières », explique France. En effet, l’objectif premier n’est pas de former au métier de développeuse, mais de démystifier la programmation !
Le choix de cibler les jeunes filles
« En classe, les filles n’ont pas toujours la place de trouver des réponses à leurs questions », explique France. De cette manière, l'initiative permet de créer une dynamique de groupe qui sort du quotidien, un espace convivial et stimulant où l’on peut discuter autour des stéréotypes liés à l’informatique et de ses conséquences dans nos vies. Les métiers de l'informatique n'ont cessé de se diversifier et pourtant, les femmes s’en éloignent. La raison ? La valorisation des métiers numériques dans les années 80, qui a attiré un public masculin et par conséquent en a exclu les femmes. On parle alors de masculinisation de l'informatique. D’autres facteurs entrent en jeu, notamment l’arrivée de l’ordinateur portable qui a renforcé le cliché du geek jouant aux jeux vidéo. Cette image a ainsi creusé les inégalités de genres qui, aujourd'hui encore, ont du mal à changer. Cela se remarque notamment dans les écoles d’ingénieur ou d’informatique, où le pourcentage de filles a du mal à dépasser les 15% ! « L’objectif, c’est qu’elles ressortent de l’atelier en se disant : J’en suis capable ! Même si c’est un domaine associé aux hommes, je peux le faire », conclue France Rose.