Christoph König donnera une série de conférences sur le thème sur « Les formes philologiques de pensée de Nietzsche » dans le roman Ainsi parlait Zarathoustra et le cycle des Dithyrambes à Dionysos. L’objectif méthodologique de compréhension des formes de pensée qui créent ces oeuvres est étroitement tributaire d’un mode d’expression poétique et en même temps philosophique. Nietzsche réinvente la pratique philologique qui, dans un statut auctorial second (via la critique), réalise (via le commentaire) la nécessité de l’oeuvre recréée dans la compréhension. La philologie de Nietzsche part donc de la réflexivité (plutôt que la beauté) comme dimension constitutive des œuvres littéraires et conçoit son activité herméneutique comme une compréhension dans la production. En ce sens, sa forme de pensée est philologique.
Christoph König est notamment l’auteur de :
- Wunsch, Indianer zu werden. Versuche über einen Satz von Franz Kafka (Wallstein 2019), Jean Bollack
- The Art of Reading (éd., 2017, Harvard University Press)
- L’intelligence du texte. Rilke– Celan – Wittgenstein (Septentrion, 2016)
- »O komm und geh« .Skeptische Lektüren der ›Sonette an Orpheus‹ von Rilke (Wallstein,2014)
- Philologie der Poesie. Von Goethe bis Peter Szondi (de Gruyter,2014)
- Engführungen. Peter Szondi und die Literatur (Deutsche Schillergesellschaft 2004)
- (Hg.) Internationales Germanistenlexikon 1800–1950 (de Gruyter, 2003)
- Hofmannsthal (Wallstein, 2001)
Programme des conférences
L’auteur second et la nécessité de la réflexion
20 février 2019, 14 h-16 h, salle de conférences de l’ENS, 46 rue d’Ulm
Dans sa leçon inaugurale de Bâle (1869), Nietzsche propose une solution de la question homérique. Plus tard (1883-1885), cette proposition sera développée dans Ainsi parlait Zarathoustra. De nouvelles figures de pensée voient le jour -notamment le paradoxe de la mélancolie-, comme on le montrera à partir du chapitre Le Chant de la nuit.
Le travail sur le sens
27 février 2019, 14 h-16 h, salle Pasteur, 45 rue d’Ulm
Le Zarathoustra de Nietzsche est souvent figé dans des doctrines (la pitié, le surhomme, la volonté de puissance, l’éternel retour) et lu sous le signe de la négativité (Heidegger) ou de la déconstruction. On peut opposer à ces lectures une positivité qui se déploie dans la dynamique de la pensée fondée sur le langage. C’est en particulier le cas du fameux chapitre De la vision et de l’énigme.
L’idiome substitué à la rhétorique
27 mars 2019, 14h-16h, salle de conférences de l’ENS, 46 rue d‘Ulm
Dans les Dithyrambes de Dionysos (avant 1889), Nietzsche radicalise la pratique philologique qui donne une nécessité langagière à la dynamique de la pensée. Le refus des instruments rhétoriques que sont la métaphore et l’épigramme, déjà à l’œuvre dans le Zarathoustra, fait naître un idiome : les mots prennent un sens nouveau. Le séminaire sera centré sur la lecture du poème « La Lamentation d’Ariane ».
La tradition d’une secondarité productive
10 avril 2019, 14-16 heures, salle Pasteur, 45 rue d’Ulm
Contre la tradition philosophique à laquelle Nietzsche est le plus souvent associé, on peut le replacer dans la tradition poétique qui, de Goethe à Kommerell en passant par Emerson et Rilke, fait naître des œuvres dans la reprise poétique et philologique de traditions. Ces auteurs partagent avec Nietzsche cette secondarité philologique, ou s’en inspirent. Il est dès lors possible d’appréhender sous un jour nouveau le projet philosophique de Nietzsche, contre la poésie. L’idée est la suivante : ce qui importe pour Nietzsche, c’est le travail du sens et non une liberté esthétique absolue.