Comment lutter contre la fraude fiscale ?
S’appuyer sur la psychologie pour mieux comprendre les comportements économiques
Cette nouvelle publication des éditions Rue d'Ulm analyse de manière claire et précise les mécanismes complexes de la fraude fiscale sous un angle inédit : celui de l'économie comportementale.
Résumé
La fraude fiscale est un sujet qui se dérobe aux outils de l’analyse économique traditionnelle. D’une part, comme toute activité illégale, la fraude fiscale échappe à l’observation du chercheur en même temps qu’elle se dissimule aux autorités : l’analyse empirique de son ampleur, de ses déterminants et de la manière dont différents dispositifs l’affectent est nécessairement très limitée. D’autre part, sur le plan théorique, l’application simple du calcul coût-bénéfice auquel est supposé se livrer le contribuable « rationnel » conduit à un paradoxe : contrairement à une idée largement répandue, les bénéfices de la fraude fiscale sont tellement élevés, et le risque de sanction est tellement faible, que l’on peut s’étonner qu’elle soit aussi peu pratiquée dans l’ensemble des économies développées. Plutôt que la fraude fiscale, c’est donc la «soumission fiscale» qui en constitue le pendant, la disposition à payer l’impôt, qu’il convient d’expliquer pour en comprendre les déterminants.
Le double défi que posent les décisions de fraude fiscale à l’analyse économique n’a pu être relevé que très récemment, grâce à l’émergence, au cours des vingt dernières années, d’une nouvelle approche, l’économie comportementale, qui s’appuie sur la psychologie pour mieux comprendre les comportements économiques ; et, conjointement, d’une nouvelle méthode, l’économie expérimentale, qui permet d’étudier empiriquement les comportements économiques sur lesquels il est difficile de collecter des données convaincantes.
Cet opuscule rend compte des résultats de ces travaux et présente un panorama des outils de politique fiscale qui s’en dégagent.
Les auteurs
Nicolas Jacquemet est professeur à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et à l’École d’économie de Paris, où il dirige le Master Économie et Psychologie. Ses recherches puisent dans les résultats issus de la psychologie afin d’éclairer les comportements économiques en matière de fraude fiscale, mais aussi de discrimination d’origine et de genre sur le marché du travail ou encore de partage des tâches au sein des ménages.
Stéphane Luchini est chargé de recherche CNRS à l'École d'économie d'Aix-Marseille (AMSE). Ses recherches portent sur l'évaluation des préférences, notamment dans des environnements non marchands, sur la base de questionnaires et de l'observation de comportements dans le laboratoire. Ses principaux domaines d'application sont l'économie de la santé, l'économie de l'environnement et la justice sociale.
Antoine Malézieux est professeur assistant au CEREN (EA 7477), Burgundy School of Business, Université Bourgogne Franche-Comté. Ses recherches portent sur les comportements en matière de fiscalité, notamment le conformisme et les déterminants de la fraude fiscale. Ses travaux recourent tant à des expériences contrôlées qu’aux techniques de méta-analyse.