émENSip', ouvrir les voies du supérieur
Une nouvelle association étudiante inter-établissements
Lutter contre les inégalités territoriales, tel est le crédo d’émENsip', toute jeune association étudiante créée en juin 2019 à l’ENS Lyon qui regroupe aujourd’hui des étudiants de plusieurs établissements dont l’ENS-PSL. émENSip' propose soutien scolaire, préparation aux concours et dispositif d’aide à l’orientation sous forme de tutorat personnalisé en distanciel, dédié aux lycéens et lycéennes de zone rurale. Guilaine Divet, vice-présidente d’émENSip' et étudiante à l’ENS-PSL, revient sur le fonctionnement et les enjeux clés de cette association d’intérêt général.
Née il y a seulement quelques mois, l’objectif d’émENSip' est clair et affirmé : « nous souhaitons ouvrir les possibles de lycéens et lycéennes scolarisés en zone rurale, à travers un accompagnement en distanciel à la fois scolaire, d’information et d’orientation », explique Guilaine Divet, sa vice-présidente et normalienne en études germaniques.
Réduire les inégalités territoriales en milieu scolaire
Convaincue de la nécessité de l’initiative, Guilaine participe à la fondation d'émENSip', l’association créée sous l’impulsion d’Eliot Moyne de l’ENS Lyon, son président. Elle s’occupe désormais de la gestion administrative de l’association, de la mise en place de partenariats avec les lycées et de la rédaction d’éléments de communication. En collaboration avec Eliot, elle bâtit la stratégie de développement d’émENSip' et travaille à son implantation à l’ENS-PSL, où elle étudie.
Si il existe déjà de nombreuses associations dédiées à la lutte contre les inégalités scolaires, Guilaine souligne qu’ « elles ciblent surtout les zones défavorisées en périphérie des métropoles où sont implantées les grandes écoles ». Et malgré la présence d’association comme Des Territoires aux Grandes Écoles, pour Guilaine il y a un véritable manque de dispositifs bénévoles de soutien scolaire pour les zones rurales. « L’action d’émENSip' est complémentaire au travail de ces associations, tout aussi nécessaire », estime-t-elle.
Grâce à un système de tutorat individualisé à distance, les membres d’émENSip' veulent accompagner les élèves dans l’apprentissage et l’approfondissement du travail, « mais aussi leur faire découvrir des parcours exigeants, et surtout leur faire prendre conscience qu’ils y ont leur place », précise Guilaine. Le tutorat s’adresse d’abord à des lycéens et lycéennes qu’émENSip' épaulera ainsi dans la préparation du baccalauréat et l’orientation vers le supérieur. « Nous souhaitons œuvrer à la réduction des inégalités territoriales en milieu scolaire et ainsi contribuer à une meilleure égalité des chances sur l’ensemble du territoire. Tous les élèves doivent pouvoir envisager différentes perspectives pour la poursuite de leurs études, et non se limiter à certaines voies par manque de connaissances » appuie la normalienne.
Un accompagnement personnalisé en distanciel
Et pour guider au mieux les élèves vers la réussite, l’association a mis en place trois types d’action complémentaires : soutien scolaire dans les disciplines choisies par l’élève tutoré, approfondissement des points clés du programme scolaire et pour finir, aide à l’orientation avec notamment accompagnement à la préparation des concours post-bac (aide à la rédaction de lettres de motivation, sessions d’entrainements pour les oraux blancs…) « Ces actions s’adressent à l’ensemble des lycéens et lycéennes ; nous ne souhaitons pas cantonner notre aide aux élèves intéressés par les classes préparatoires », explique Guilaine. « Cependant, les volets « approfondissement » et « aide à l’orientation » restent davantage destinés aux élèves envisageant un cursus en CPGE ».
Comment faciliter les rencontres entre des élèves en zones rurales et les tuteurs de l’association, majoritairement domiciliés dans les grandes agglomérations ? « Tout simplement en utilisant ce que nous avons appris à faire ces derniers mois, c’est-à-dire travailler et collaborer en distanciel » explique Guilaine. « C’est un système peu mis en place par les autres associations qui permet de mettre en relation deux personnes isolées géographiquement et qui donne la chance à des jeunes éloignés des grandes villes universitaires de construire leur réseau ».
Les membres d’émENSip', nourris de leurs propres expériences scolaires, comme Eliot Moyne, président de l’association, qui a grandi dans une petite commune du Jura, sont bien conscients des contraintes spécifiques aux zones rurales. S’il y a quelques années, la qualité de l’accès à Internet n’y permettait pas encore de telles initiatives, la situation a aujourd’hui évolué.
Créer un lien de confiance
En juin 2021 émENSip' a mis en place un partenariat avec deux lycées de l’académie de Reims et de Besançon et projette dans les prochains mois d’élargir le dispositif. « Tous les élèves des établissements avec lesquels nous avons établi un partenariat peuvent bénéficier du tutorat », précise l’étudiante, « et ce qu’ils soient en difficulté scolaire ou demandeurs d’approfondissement dans une ou plusieurs disciplines ». La période d’accompagnement s’étale de deux mois à un an, durant laquelle tuteur et élève se retrouvent au minimum une heure par semaine. Un dispositif hautement personnalisé puisque les lycéens et lycéennes ont la possibilité d’être accompagné par un tuteur spécialisé dans une discipline. « Ce suivi particulier est le principale avantage d’émENSip' » explique Guilaine. « Nous souhaitons que se crée entre nos tuteurs et nos tutorés une relation de confiance qui permette aux lycéens et lycéennes de consolider leurs acquis, de développer leur goût pour le savoir et de découvrir de nouvelles perspectives. »
Les tuteurs de l’association sont pour la plupart passés par les classes préparatoires et issus des ENS. Mais tout étudiant ou étudiante d’une ENS (ENS-PSL, ENS de Lyon, ENS Paris-Saclay ou ENS de Rennes), qu’il soit lui-même issu de zone rurale ou non, peut devenir tuteur au sein d’émENSip'. « Le plus important est d’avoir envie de transmettre son goût de l’enseignement, ses connaissances et son expérience », considère la normalienne avec bienveillance.
« Ces écoles sont faites pour vous, vous y avez votre place »
Et lorsque Guilaine donne des conseils pour intégrer l’ENS-PSL, c’est d’abord à celles et ceux qui ne connaissent pas encore – ou très peu – l’École, qu’elle s’adresse : « vouloir entrer à l’ENS est déjà en soi une première étape vers la réussite ! Se donner à soi-même cet objectif suppose de connaître les Écoles normales supérieures, d’avoir une vague idée de ce que l’on pourrait y faire ; celui ou celle qui détient cette connaissance a déjà une longueur d’avance. Je souhaite donc avant tout conseiller ceux et celles qui ne bénéficient pas de ce coup de pouce. »
Soucieuse de présenter à sa manière les Écoles normales, Guilaine poursuit : « tout comme Polytechnique ou Science Po Paris, les ENS sont de grandes écoles. Que vous vouliez être professeur, chercheur, haut fonctionnaire, comédien ou cadre du privé, les ENS vous donnent le bagage académique et le réseau nécessaire pour accomplir vos objectifs professionnels. En plus de cette insertion facilitée, l’atmosphère des ENS vous rend curieux, entreprenant ; elle vous donne des idées, des envies, elle vous suggère des projets et dans le même temps les rend accessibles ».
Et pour la normalienne, il est important de ne pas se laisser intimider par ces établissements : « n’ayez pas peur, ces écoles sont faites pour vous, vous y avez votre place. Les ENS vous apporteront beaucoup, mais c’est un échange réciproque : elles ont tout autant besoin de vous pour conserver leur dynamisme et leur ouverture » rappelle-t-elle.
Enfin, à ceux qui ont déjà formulé le souhait d’intégrer les ENS, la normalienne se veut tout aussi bienveillante : « vous avez pris conscience de ce que vous voulez ; le plus dur est derrière vous. En travaillant méthodiquement, vous y arriverez. C’est votre force de travail, celle que chacun d’entre vous peut cultiver qui vous fera réussir, et non un coup de génie ».
Étudiant des ENS-PSL, Lyon, Paris-Saclay, vous souhaitez devenir tuteur émENSip'? Contactez l’association par mail (emensip.ens@gmail.com) en mentionnant en quelques lignes vos motivations. Site web |
À propos de Guilaine Divet
Originaire de la région rennaise, Guilaine Divet effectue trois années de classe préparatoire BL au lycée Guist’hau de Nantes. « Ce sont la qualité des cours et l’investissement des professeurs qui m’ont donné l’envie et la force de poursuivre mon cursus en classe préparatoire » se rappelle-t-elle. « Comme je n’avais aucune idée de ce qu’étaient les ENS en entrant, la réussite aux concours n’était pas un impératif ». Au fil des années, Guilaine découvre ce que pourrait lui apporter d’intégrer l’École normale. C’est en khûbe qu’elle comprend qu’elle peut « y avoir [sa] place ». En 2018, elle intègre l’ENS-PSL par le concours étudiant en tant que germaniste. « Après avoir réfléchi longuement à mon orientation, je ressens un besoin d’action concrète et je souhaite aujourd’hui préparer les concours de la haute fonction publique. J’espère pouvoir y apporter un autre regard, une autre sensibilité. »