L’ENS participe à un concours sur les économies d’énergie

Organisé par l’Institut Français pour la Performance du Bâtiment (IFPEB), le concours CUBE consiste à mettre en compétition des établissements privés ou publics, sur leurs économies d’énergie dans leurs bâtiments tertiaires. L’ENS-PSL concoure dans la catégorie « bâtiments d’enseignement » avec les Universités de Paris 8, de Sciences Po Bordeaux, de Bordeaux, d’Aix-Marseille, de Perpignan, de Lille et de Strasbourg. Les trois immeubles les plus énergivores du parc immobilier de l’ENS sont engagés : le 24 rue Lhomond, le 45 et 46 rue Ulm. À titre d’information, chaque année à l’ENS-PSL, les dépenses en électricité, eau et chauffage s’élèvent à plus de deux millions d’euros.

Un concours comme action de sensibilisation

Un groupe de travail (voir encadré), piloté par Dylan Colas est actuellement à l’œuvre pour repérer les meilleurs leviers de réduction. Bernard Depayre, membre du groupe du travail raconte l’historique de cette aventure : « Nous avons été contactés par notre ministère de tutelle pour nous inciter à participer à ce concours. Déjà dans une démarche d’efficacité et de sobriété énergétique, nous nous sommes proposés sur la base du volontariat. » Katrin Heinzerling, doctorante et membre du groupe de travail ajoute : « Mon responsable, Christian Serre, Directeur de laboratoire sur les solides poreux à l’ENS et l’ESPCI, m’a parlé de ce projet, car il pensait – à raison - que cela pouvait m’intéresser. C’est une thématique qui me tient effectivement à cœur depuis quasiment toute petite. » Compte tenu de l’objectif légal d’une baisse de 40 % des consommations d’énergie d'ici à 2040, l’enjeu est de taille pour l’École. « Concrètement, cela revient à diviser par deux nos consommations, indique Audran Borella, étudiant et membre du groupe. Je pense qu’il vaut mieux se fixer un objectif difficilement réalisable, plutôt que quelque chose d’évident, qui ne saurait pas être une solution viable au long terme. »  Avec cet objectif précis en vue, le groupe réfléchit à la mise en place d’actions concrètes. « Le concours CUBE doit permettre de sensibiliser tous les acteurs de l'ENS à l'économie d'énergie, dans des proportions très larges », explique Bernard. « Nous essayons d’abord de trouver comment dans l’immédiat nous pouvons nous améliorer collectivement sur le volet énergétique. Nous avons rédigé une liste d’actions, dont CUBE fait partie », complète Xenia Spektor, membre du groupe de travail.

Trois manières codicillaires de changer les choses

La stratégie s’axe sur trois composantes complémentaires. La première est la sobriété énergétique qui consiste à prioriser les besoins énergétiques essentiels dans les bâtiments. « Sur le chauffage et la production d’eau, gérés par un prestataire, notre marge de manœuvre reste donc limitée, explique Bernard Depayre. L’économie s’effectue davantage sur l’électricité, notamment pour tous les usages liés aux procédés techniques des laboratoires de recherche ou les pratiques habituelles bureautiques et informatiques. » Le groupe travaille actuellement sur des actions de sobriété énergétique sur lesquelles les usagers peuvent avoir un véritable impact. « Nous pouvons aller jusqu’à une baisse de 10 à 15 % par an, s’enthousiasme Audran. Et, il suffit parfois de choses très simples et quotidiennes. » « Lorsque j’ai rejoint le laboratoire de chimie à l’ENS, j’ai remarqué qu’un ensemble de comportements en termes d’habitude de laborantin pouvaient être améliorées. La consommation énergétique dans les laboratoires est la composante énergivore la plus importante. Il nous faut rapidement impliquer les chercheurs et doctorants de l’ENS et au-delà, au sein de PSL. D’habitude, vous pensez à pouvoir changer les choses, sans en avoir l’opportunité de le faire concrètement. Ce groupe de travail m’apporte ainsi une nouvelle dynamique et je suis très heureuse d’y participer », indique Katrin Heinzerling.

Dans un deuxième temps, l’École possède un levier important sur l’efficacité énergétique des bâtiments, en diminuant par exemple la déperdition thermique de leur enveloppe, en limitant leur exposition solaire, en réduisant les besoins en éclairage artificiel des locaux, etc. « Les actions sur le bâtiment vont toujours de pairs avec des actions sur les comportements. La plupart des édifices de l’ENS sont actuellement des passoires énergétiques, constate Xenia Spektor. Ce sont des immeubles vieillissants assez vétustes, qui n’ont pas connu de campagnes de rénovation globale. Nous avons du chemin à faire, mais cela veut aussi dire qu’il y a beaucoup de potentiels à explorer. Avec ce type de bâtiment et des actions relativement simples, on peut facilement arriver à 60 % d’économie d’énergie. » Des capteurs-enregistreurs vont être installés dans plusieurs bâtiments, pour suivre l’évolution des températures en continu et mesurer précisément les niveaux en hiver, comme en été.

La dernière action est le recours autant que possible aux énergies renouvelables. Ce gisement, dans le cadre du parc immobilier de l’ENS, reste très limité, à moins de couvrir les façades et toitures des bâtiments de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes, hypothèse peu vraisemblable pour des raisons architecturales. Cela étant dit, des capteurs solaires thermiques pour la production d’eau chaude pourront être envisagés, dans le cadre de certains travaux de rénovation. Du chemin reste encore à parcourir, mais l’ensemble des membres du groupe de travail demeure très confiant, comme l’explique, avec amusement, Katrin Heinzerling : « Les gens de l’ENS sont censés être très bons en concours. » Et Bernard Depayre de conclure : « Ce n’est pas seulement une compétition qui se déroule sur une seule année. C’est notre participation répétée année après année qui portera ses fruits. En attendant, le but est d’impulser une dynamique pour qu’on puisse se mettre en ordre de marche le plus rapidement possible. »