Lancement de la mineure « Médias et recherche »

Rentrée 2024 : de nouvelles formations à l'ENS-PSL

Créé le
24 septembre 2024
Depuis septembre 2024, une nouvelle formation, la mineure « Médias et recherche » est proposée à toute étudiante et tout étudiant inscrit à l'ENS, que ce soit au Diplôme de l'ENS (DENS), dans un Master ou en Doctorat.
Cette mineure proposera aux étudiantes et étudiants de l’ENS-PSL des cours originaux à l’interface du journalisme et de la pratique de recherche. Rencontre avec Emmanuel Basset, le coordinateur de ce nouveau programme expérimental.
Médias et recherche
Illustration © Pole communication ENS-PSL

En quoi consiste la mineure « Médias et recherche » proposée par l'ENS en cette rentrée scolaire 2024 ?

Emmanuel Basset : La nouvelle mineure « Médias et recherche » a été conçue comme une formation originale en France, fortement ancrée dans un environnement académique, comme c'est souvent le cas dans d'autres pays où les formations au journalisme sont intégrées dans de grandes universités de recherche. Elle n'est pas comparable aux formations dispensées dans les écoles de journalisme françaises, notamment parce qu'elle a été pensée spécifiquement pour des étudiant.e.s dont la formation principale est une formation par la recherche.

La mineure vise à faire connaitre le fonctionnement de l'écosystème médias et ses enjeux importants, mais aussi et surtout à faire pratiquer certains types de journalisme qui ont des liens très forts avec la recherche. Par exemple, un accent très fort sera mis dès le début sur le journalisme d'investigation et sur le journalisme scientifique.

Qu'est-ce qui a motivé sa création ?

Emmanuel Basset : Il y a un enjeu majeur, aujourd'hui, à rapprocher les médias des chercheurs et chercheuses. Pour que la science pèse (davantage) dans la société, pour que les résultats scientifiques aient une influence réelle dans le débat public, il faut que ces deux mondes se connaissent mieux et collaborent mieux.
À travers cette nouvelle formation, notre objectif est à la fois de faciliter les parcours de normalien.ne vers des secteurs du journalisme où leur profil "recherche" sera particulièrement apprécié, mais aussi de développer des collaborations structurelles entre laboratoires de recherche et rédactions. Certaines grandes universités internationales ont montré la voie (Oxford ou Harvard, par exemple), nous pensons que ce type d'initiative a sa place aussi en France.

À qui s'adresse-t-elle ?

Emmanuel Basset : Comme toutes les mineures de l'ENS, elle peut être suivie par tout.e étudiant.e inscrit à l'ENS, que ce soit au Diplôme de l'ENS (DENS), dans un Master ou en Doctorat. Les cours sont destinés à des étudiant.e.s attiré.e.s par le journalisme ou plus largement par le secteur des médias, mais aussi à de jeunes chercheurs et chercheuses soucieux d’une meilleure diffusion de leurs travaux et d’une meilleure compréhension de questions qui traversent la société. Plus globalement, à toutes celles et ceux qui s'intéressent aux enjeux démocratiques de la presse et de la diffusion du savoir. Il n'y a pas de prérequis disciplinaire, des étudiant.e.s de tous les départements et de tous niveaux d'étude pourront y participer. La formation ne délivrera pas le diplôme d'une école de journalisme, mais elle devra aider les normalien.ne.s qui le souhaitent à démarrer une carrière dans ce secteur.

Par qui est-elle organisée ?

Emmanuel Basset : Le contenu de la Mineure a été défini grâce à un groupe de journalistes sensibles à la démarche, qui nous ont conseillés pour les contenus et nous ont permis de trouver les premiers intervenants. Les cours seront assurés par des experts du secteur (notamment sur les questions de gouvernance et de modèles économiques), par des enseignants-chercheurs spécialistes de la question, et par des journalistes, car plusieurs cours auront une vocation très pratique. Pour garantir un lien fort avec la vie de l'École et les départements, nous avons constitué un comité pédagogique interne, rassemblant des enseignant.e.s de différents départements (philosophie, histoire, biologie, géosciences), qui suivra la mise en place de la mineure et donnera un avis sur les cours proposés. Enfin, la mineure associera des médias partenaires, qui interviendront dans les cours et proposeront des projets aux étudiant.e.s.

Qu’est-ce que son programme propose ?

Emmanuel Basset : La Mineure se compose d'un bloc "théorique" de 3 cours obligatoires ("Panorama historique", "Economie des médias", "Enjeux numériques"), pour donner les clefs de compréhension du secteur, de ses évolutions, des défis à venir (IA générative, désinformation, modèles économiques sous pression, etc.).
Ensuite, l'originalité de la mineure est de proposer des cours pratiques approfondis (validant jusqu'à 15 ECTS), liés à des pratiques du journalisme où les méthodes ou les contenus sont proches du monde de la recherche. Au moins deux blocs seront proposés dans un premier temps (journalisme d'investigation et journalisme scientifique), avec la possibilité de développer de nouvelles thématiques dès que possible (journalisme d'expertise, datajournalisme, etc.). Une grande partie de la formation prendra la forme de projets encadrés, qui permettra aux étudiant.e.s de se former en pratiquant, parfois même en participant à des investigations proposées par les rédactions. Un stage professionnel sera aussi demandé pour valider la mineure. La mineure proposera également quelques cours électifs. Tous les cours seront validables dans le DENS.

Dans le contexte actuel (désinformation, intelligence artificielle, médias et dépendance) quels sont les grands défis d’une telle formation ?

Emmanuel Basset : Le secteur des médias est un secteur sous pressions : économiques, technologiques et idéologiques. L'information est par ailleurs devenue un enjeu majeur des sociétés contemporaines, tant du point de vue économique que politique. Il est urgent de former des experts du fonctionnement des médias, mais aussi des journalistes qui apporteront leur savoir-faire méthodologique, leur rigueur scientifique, leur curiosité et leur détermination, qui restent les qualités premières des jeunes chercheuses et chercheurs. Nous sommes convaincus que la recherche peut apporter beaucoup au journalisme - et donc à la société - et c'est la raison pour laquelle nous lançons cette formation expérimentale.