« Le département d’informatique permet aux étudiants d’être en contact avec la recherche dès le début de leur cursus »

De son propre aveu, Xavier Rival a été « très tôt » attiré par les sciences avant de développer rapidement « une véritable passion » pour les mathématiques et l’informatique. En 1999, il rejoint le département d’informatique de l’ENS-PSL en tant qu’étudiant et se dirige d’abord vers la logique, à mi-chemin entre les mathématiques et l'informatique. « Les questions liées aux fondements du raisonnement m’ont particulièrement attiré pendant mes études à l’École normale », se rappelle-t-il. Lors de son cursus, Xavier Rival a « la chance » d'aborder le domaine des méthodes formelles, qui étudie la preuve de programmes informatiques. Un domaine qui lui permet à la fois d'étudier des éléments fondamentaux de logique mais aussi de les appliquer à des problèmes concrets, tout en consacrant une grande partie de son temps à la programmation d'algorithmes de vérification, une activité qui l’intéresse tout particulièrement.

De Berkeley à Séoul

Xavier Rival effectue également sa thèse au département d’informatique de l’ENS-PSL, avant de poursuivre outre-Atlantique par un post-doctorat au sein de l’Université de Californie à Berkeley. Depuis 2007, il est chercheur à l’INRIA et dirige aujourd’hui l’équipe ANTIQUE. « L’équipe que j'ai intégrée est également affiliée au CNRS et à l'ENS », précise-t-il. « J’ai donc mené une grande partie de mon activité au sein du département d’informatique de l’École. » Xavier Rival a également passé de longs séjours de recherche aux quatre coins du monde, en particulier à l’Université du Colorado à Boulder aux États-Unis, ainsi qu'à KAIST et à la Seoul National University en Corée du Sud.

Vérifier les programmes informatiques

Son domaine de recherche actuel se concentre sur la mise au point de techniques de vérification de programmes informatiques. « L’un des objectifs de ces travaux est de permettre aux ingénieurs de produire des programmes de meilleure qualité qui présentent moins de risque d'erreurs, pouvant mettre en danger de nombreux systèmes critiques dont le fonctionnement repose sur la correction des logiciels », détaille-t-il. Il s'agit plus généralement de comprendre pour quelles propriétés informatiques on peut rechercher des preuves, en utilisant des ordinateurs pour raisonner sur des programmes. « Une difficulté majeure vient des limites fondamentales de ces méthodes de preuve automatique pour les logiciels informatiques », précise le chercheur. « Par conséquent, mon travail de recherche se répartit de manière équitable entre les fondements des méthodes de preuve et leur application à des problèmes spécifiques », ajoute-t-il.
Aujourd’hui directeur du département d’informatique l’ENS-PSL, plus de 20 ans après avoir poussé pour la première fois la porte de l’établissement en tant qu’étudiant, Xavier Rival pose un regard rétrospectif sur son évolution. « Lorsque je suis arrivé à l’École normale supérieure pour y étudier, le département d’informatique était encore de création et succédait au département de mathématiques et d'informatique », se souvient-il. « Il était alors composé d'un nombre assez réduit d'équipes », indique le scientifique. « J'ai donc vu le développement du département au cours des années, avec l'arrivée de nombreuses thématiques de recherche innovantes et passionnantes. » Une particularité du département ? « Offrir un cursus qui permet aux étudiantes et étudiants d'être en contact avec la recherche très tôt, dès leurs toutes premières années à l'ENS. »

Prendre le temps

Et lorsque Xavier Rival s’adresse à celles et ceux qui souhaiteraient s'orienter vers la recherche et plus particulièrement dans l’informatique, c’est avant tout pour leur donner quelques conseils : « Le plus important est de découvrir un domaine sur lequel vous aurez envie de travailler pendant de nombreuses années », estime-t-il. « Il ne faut pas hésiter à prendre le temps de construire un sujet original et personnel qu'on aura à cœur de développer dans le temps long. » Par exemple, il est utile selon lui de « tester plusieurs sujets au cours de stages de recherche, comme il est possible de le faire pendant le cursus à l'ENS, afin de choisir un domaine de recherche dont on apprécie à la fois les finalités, mais aussi les aspects méthodologiques comme la théorie sur laquelle il repose, ou les techniques de raisonnement qu'il exploite. », conclut Xavier Rival.