Le théâtre étudiant : un immense désir de création et de collectif

Étudier le théâtre à l’ENS

« Le Département Arts réunit quatre disciplines : histoire de l’art, musicologie, études cinématographiques et études théâtrales. Plus de la moitié de nos étudiantes et étudiants est spécialiste de l’une ou l’autre de ces disciplines. D’autres suivent, parfois de façon assidue, des cours dans notre département parallèlement à leurs études dans un autre département. Le Département Arts offre également le Master ATP (Arts, théorie et pratique) dont la spécificité est l’interdisciplinarité artistique et la recherche-création. Nous tenons beaucoup à cette diversité des étudiants au sein de nos cours. Parmi les spécialistes, certains et certaines se destinent au champ de la recherche et de l’enseignement, ce sont des théoriciens ou des historiens de l’art. D’autres expriment le désir d’aller vers des professions artistiques. Nous leur disons d’emblée que notre département n’est pas une école d’art, mais nous pouvons accompagner celles et ceux qui veulent s’y présenter », précise Anne-Françoise Benhamou. Le théâtre fait partie depuis très longtemps de la vie de l’École, mais les Études théâtrales n’y sont présentes depuis dix ans ; elles comptent aujourd’hui deux enseignantes chercheuses : Marion Chénetier-Alev, maître de conférences, qui donne des cours sur l’écriture dramatique contemporaines, sur l'histoire de l’acteur, sur la critique de la danse et sur le théâtre radiophonique, et Anne-Françoise Benhamou, qui enseigne sur la mise en scène moderne et contemporaine et la dramaturgie, et anime chaque année un atelier des spectateurs et des spectatrices, au rythme d’un spectacle par semaine.

« Notre objet est de faire du théâtre de l’ENS un lieu vivant de création et de parole. » Anne-Françoise Benhamou

Vivre le théâtre à l’ENS

En parallèle, les étudiants de l’ENS (issus du département Arts ou d’ailleurs) peuvent pratiquer le théâtre au sein de l’École. Anne-Françoise Benhamou, responsable du Théâtre Nicole Loraux, précise : « La réalisation d’un spectacle au cours de leurs études est bien sûr capitale pour les étudiantes et étudiants inscrits en études théâtrales ; le théâtre est en quelque sorte leur laboratoire. Mais, ils ne sont pas les seuls à l’utiliser. Le théâtre accueille une vingtaine de projets étudiants par an : chaque résidence dure onze jours pendant lesquels les équipes finalisent un spectacle souvent répété depuis de longs mois. Les représentations ont lieu les trois derniers jours. »

Après une fermeture de plusieurs années pour des raisons d’insécurité, la salle de 144 places, située au sous-sol de l’École normale supérieure, a été réhabilitée et rouverte en 2011. Une importante rénovation technique a eu lieu il y a deux ans : elle a été pensée pour que le théâtre joue pleinement son rôle d'outil partagé par des utilisateurs non professionnels. Il fallait un aménagement qui permette une prise en mains simple et sécure, ainsi qu'une gradation dans l'usage des possibilités techniques : certaines équipes monteront en compétence au cours de leur scolarité, d’autres ne réaliseront qu'un seul spectacle. Depuis 2021, un régisseur général, Éric Proust, coordonne, en dialogue avec Anne-Françoise Benhamou l'activité du théâtre, et encadre pédagogiquement et techniquement les créations des étudiants, parfois avec l’appoint de régisseurs intermittents. Les projets sont sélectionnés par un comité de programmation, qui se réunit deux fois par an (mi-décembre et fin juin), pour arrêter une programmation semestrielle (septembre-janvier, puis février-juillet). Des appels à projets sont diffusés chaque semestre, environ un mois avant la réunion du comité.

Qu'il s‘agisse d'auteurs contemporains, d’écriture de plateau ou d’œuvres classiques, les spectacles étudiants sont souvent traversés par les questionnements très contemporains : le Théâtre Nicole Loraux accueille par exemple cette saison plusieurs propositions ouvertement féministes. « Le théâtre est un art du présent, qui existe en relation avec son époque. On le sent d’autant plus dans le théâtre étudiant, nourri aujourd’hui par un désir générationnel très fort de prendre la parole. La période que nous traversons, où les campus sont des foyers de questionnements très actifs, me paraît propice au développement de productions étudiantes audacieuses, inventives. La scène du Théâtre Nicole Loraux, au sous-sol de l'École est parfois une caisse de résonance saisissante. Et c’est aussi, toujours, un endroit où se partage très joyeusement un immense désir de création et de collectif. »