« Les archives constituent une richesse pour l’École »

Portrait de Lina Sbeih, cheffe de projet Archives de l’ENS-PSL

Créé le
8 octobre 2024
Collection « Portraits de personnels ». Cheffe de projet Archives de l’ENS-PSL, Lina Sbeih est arrivée rue d’Ulm en octobre 2023. Elle nous raconte son parcours et ce qui fait la spécificité de son métier. Rencontre.
Lina Sbeih
Lina Sbeih

En ce début du mois de septembre 2024, nous rencontrons Lina Sbeih. Au programme ? Le portrait de cette cheffe de projet Archives, mais aussi la découverte de ces données et documents qui constituent les archives de l’École. Pour Lina, le choix de ce métier puise ses racines dans un « intérêt pour les musées, le patrimoine et l’histoire ». Afin de revenir aux « sources de l’histoire », elle s’inscrit au master « Technologies numériques appliquées à l’histoire, spécialité Archives » de l’École nationale des Chartes – PSL. Au sortir de l’École, Lina devient archiviste à l’Institut Pasteur avant de prendre un poste de responsable des archives à l’Institut National de Recherche Agronomique (devenu INRAE).

Arrivée rue d’Ulm il y a bientôt un an, elle y est cheffe de projet Archives. Rattachée à la direction adjointe Lettres de l’ENS, elle travaille en collaboration avec Valérie Theis qui a lancé le projet « Archives normaliennes ». Lina nous explique que ce dernier ambitionne de donner une plus grande visibilité aux recherches qui ont été développées jusqu’à aujourd’hui sur l’histoire de l’ENS et d'en susciter de nouvelles. La mission de Lina est bel et bien spécifique : elle propose une « politique d’archivage qui tenant compte des obligations réglementaires de l’École, intègre les archives de l’enseignement et de la recherche, longtemps parent pauvre des politiques de conservation ». L’objectif : « réaliser un état des lieux des archives dans les services, les départements et les unités de recherche ». Au-delà, l’idée est également de « sensibiliser aux archives, de construire une relation de confiance et d’initier des projets s’appuyant sur les archives de l’École ». Enthousiaste, son poste à l’ENS représente ainsi pour elle l’occasion de « travailler dans un lieu riche d’histoire et pluridisciplinaire, qui reste pourtant à taille humaine, et d’être directement en contact avec celles et ceux qui œuvrent pour le développement de la science et qui l’enseignent ».

Au fil de la conversation, nous nous rendons compte que nous n’avons pas encore vraiment saisi ce que sont les archives. Lina nous aide à y voir plus clair : contrairement aux idées reçues qui les associent « aux vieux papiers ou aux publications », elles recouvrent l’ensemble des documents et données produits par chacun et chacune de nous dans le cadre de notre activité. Leur utilité ? Elles permettent tout d’abord à l’École d’assurer le « suivi de tous les dossiers et de gérer ses projets au quotidien ». Plus encore, elles revêtent une valeur de preuve permettant entre autres de valider « les résultats de la recherche et leur antériorité ». Autre aspect non moins important, Lina souligne que les archives constituent la « mémoire de l’École ». Elle précise : « pour qu’une histoire de l’enseignement et de la recherche à l’École puisse être écrite aujourd’hui et demain, il est nécessaire que ces documents soient triés, classés, conservés ».

1ère page du décret du 9 brumaire an III, Archives nationales sous la cote F17 1010E
1ère page du décret du 9 brumaire an III, conservé aux Archives nationales sous la cote F17 1010E


Une question nous taraude : quelle est le document d'archives de l'École le plus ancien ?  Le premier document conservé est ainsi le célèbre décret de fondation de l’École daté du 9 brumaire de l’an III (30 octobre 1794). Il s’accompagne d’autres documents du XVIIIe siècle qui, à l’instar des documents plus récents, ont été versés aux Archives nationales. Pour les plus curieux d’entre nous, certaines archives sont consultables entre les murs de l'École de la rue d'Ulm et surtout aux archives nationales. L’ENS était un établissement public, elles sont accessibles à tous et à toutes sous réserve de délais spéciaux (pour protéger la vie privée, le secret médical, etc.).

À celles et ceux que ce métier intéresserait, Lina distille ses conseils : elle indique qu’il faut « être ouvert et diplomate, avoir le sens de la communication, être rigoureux, persévérant, patient et également avoir le sens de la confidentialité ». Outre l’École des Chartes, elle mentionne qu’il existe également plus d’une dizaine de masters formant aux métiers des archives dans les universités françaises.