Il y a des routes de la traduction comme il y a des routes de la soie, à la fois routes de la culture et routes du pouvoir, dont les jalons sont des écrits – pierres, ostraca, papyri, manuscrits, incunables, livres…
À travers cet ouvrage, qui accompagne l’exposition « Les Routes de la traduction. Babel à Genève », la Fondation Bodmer – l’une des plus riches bibliothèques privées contemporaines – présente les pièces rares permettant de suivre les trajets en langues d’œuvres essentielles. Parmi celles-ci, on retrouve les cinq piliers de la collection de Martin Bodmer : Homère, la Bible, Dante, Shakespeare et Goethe, mais aussi le monde des contes et des fables, et celui des poètes d’aujourd’hui. La littérature mondiale, chère à Goethe, apparaît ainsi à travers le prisme de la traduction, en tous ses avatars : illustration, copie, appropriation, incorporation...
Vivre après Babel, dans la diversité des langues, c’est une chance et un marqueur d’identité pour la Suisse, pour cette Genève plurilingue dont Talleyrand – repris ici par Jacques Villeglé dans son alphabet sociopolitique – disait : « Il y a cinq continents, et il y a Genève ».
Barbara Cassin, philologue et philosophe, (ENS-CNRS)
Nicolas Ducimetière, vice-directeur de la Fondation Martin Bodmer