Message de la Direction de l’ENS-PSL

Créé le
20 juin 2024
Fronton ENS

Message de la Direction de l’ENS-PSL – 20 juin 2024

Depuis quelques semaines, l'ENS est la cible d'attaques dans les réseaux sociaux et certains médias, mettant en cause l’institution, et l’accusant de complaisance vis-à-vis de l'antisémitisme, ce que l’École réfute avec la plus grande fermeté.

Que l’École ait été l’objet de désordres et d’une occupation de la part d’un petit nombre d’étudiants n’autorise pas à déformer les faits et à accuser sa direction de la moindre complaisance à l’égard de l’antisémitisme.

L’ENS a toujours rappelé et appliqué le principe selon lequel elle ne tolèrerait aucun acte et aucune parole raciste ou antisémite ; elle a condamné d’emblée les attaques terroristes du 7 octobre et dit sa solidarité avec toutes les victimes ; elle a permis et encadré les discussions sur le conflit tant qu’ils respectaient les exigences du débat académique.

Aucun acte antisémite au sein de l’École n’a été porté à sa connaissance et si tel avait été le cas, elle aurait immédiatement réagi. Toute personne qui est témoin dans l’enceinte de l’ENS de propos racistes ou antisémites, d’incitation à la haine, ou d’apologie du terrorisme, peut et doit le signaler selon la procédure existante – qui garantit l’anonymat. Le renforcement de ces procédures est en œuvre depuis plusieurs mois. Aucun signalement de cet ordre et sur de tels actes n’est parvenu à la Direction de l’ENS.

L’ENS s'est déjà plusieurs fois exprimée au sujet de la mobilisation étudiante récente, des risques qu’elle a fait courir et des mesures fermes que la Direction a prises en conséquence (fermeture du campus, évacuation par les forces de l’ordre).

La Direction souhaite également revenir sur plusieurs allégations à cet égard, et souligner certains faits :

  • Toute présence annoncée, signalée ou constatée de personne représentant une entité légalement interdite a donné et donnera lieu à une mesure immédiate et ferme de l’École ;
  • L’ENS a condamné fermement les messages à caractère diffamatoire qui ont visé plusieurs membres de son Conseil d’Administration, et a déposé plainte à ce sujet ;
  • Il n’y a eu aucune prise de parole qui relève d’une incitation à la haine lors de la cérémonie de diplomation ;
  • Le séminaire « Penser avec la Palestine » a été co-organisé avec plusieurs départements de l’ENS et a rigoureusement respecté les règles du débat académique ;
  • Lorsque le cadre légal a été transgressé, que les discussions ont dû être rompues avec les étudiants et que la sécurité des personnes a été mise en danger, la Direction a fait évacuer l’École.

 

Au vu de son action, la direction a reçu de nombreux messages de soutien de toutes les communautés de l’École, et des présidences de ses instances.

Manipuler de telles accusations contre l’École en dépit de la réalité des faits, pour jeter l'opprobre sur sa communauté éducative, ses étudiantes et ses étudiants, et sa direction, est inadmissible et irresponsable dans le climat actuel que connaît notre pays. L’École normale supérieure figure parmi les plus prestigieuses institutions chargées de la diffusion du savoir et de la recherche. Nous veillons et veillerons à ce qu’elle demeure dans ce rôle et puisse continuer à l’assumer face aux drames, tensions et troubles auxquels notre société est confrontée. Il est de la responsabilité de chacun de ne pas les amplifier.

 

Message de la Direction de l’ENS-PSL – 7 juin 2024, 17h
 

Certains médias et commentateurs ont publié récemment des informations erronées à propos de l’occupation de la Cour aux Ernest et de la cérémonie de diplomation de l’ENS. La direction souhaite rappeler les faits et leur contexte.

Les faits principaux
L’occupation de la Cour aux Ernest (45 rue d’Ulm, Paris) par un comité revendiquant son soutien à la Palestine a débuté le 21 mai. Elle s’est traduite par l’installation de plusieurs tentes, de drapeaux et d’affiches et par un stand destiné aux prises de paroles. Le groupe était composé de vingt à trente personnes dont une partie était extérieure à l’établissement.
La direction de l’Ecole a rencontré les occupants à plusieurs reprises entre le 21 et le 23 mai. Elle a exprimé en préalable sa solidarité avec toutes les victimes de la guerre à Gaza et en Israël, comme elle l’a fait publiquement depuis les attentats terroristes du 7 octobre, ainsi que son vœu d’une solution pacifique qui comprenne un cessez-le-feu et la libération des otages. Elle a constamment rappelé que les discussions sur les revendications exprimées ne pourraient aboutir que si elles s’inscrivaient dans les cadres institutionnels de l’Ecole et si elles ne mettaient pas en danger la sécurité des personnes et des lieux. L’Ecole a aussi rappelé qu’elle poursuivrait tout acte ou tout propos contraire à la loi, notamment de nature raciste ou antisémite.

La Direction a tenu à répondre de façon proportionnée aux risques que l’occupation créait.
L’évolution de la situation l’a ainsi conduite à fermer le 45 rue d’Ulm le 23 mai (sauf pour celles et ceux qui y habitent), puis à recourir à l’évacuation de la Cour aux Ernest le 26 mai.

Deux raisons ont conduit à la décision de l’évacuation par les forces de l’ordre de la Cour aux Ernest :
- l’impossibilité d’un accord, après rejet des propositions de la direction ;
- la montée progressive en gravité des risques liés à l’occupation.

Dans le cadre de la discussion avec le collectif, la Direction avait fait des propositions qui rappelaient le rôle incontournable de ses instances, qui permettaient que les discussions au sein de la communauté normalienne se fassent dans un cadre de respect mutuel, et qui visaient à ce que le campus reste un lieu inclusif. Sur tous ces points, il a été constaté qu’il serait impossible de parvenir à un accord avec les occupants.

L’occupation faisait par ailleurs peser des risques croissants de sécurité pour les personnes (notamment les internes de l’ENS qui vivent sur le campus du 45 rue d’Ulm) et les biens : parce que les occupants et leurs invités ont adressé plusieurs appels publics à être rejoints, créant de facto le risque d’une perte de contrôle et d’une aggravation de la situation ; parce que le collectif a invité des intervenants dont les prises de position ne sont pas compatibles avec les exigences du débat académique ; parce que le collectif a publié des posts gravement diffamatoires à l’encontre de membres du Conseil d’Administration de l’Ecole, qui sont passibles de poursuites aussi bien de la part des personnes concernées que de l’Ecole.

Le maintien d’une occupation qui voulait manifestement s’inscrire dans la durée, qui créait des risques réels et non maîtrisés, et dont des actes graves étaient contradictoires avec la revendication d’un mouvement pacifique était donc impossible. La Direction de l’ENS a donc sollicité les forces de l’ordre pour faire évacuer le campus du 45 rue d’Ulm le 26 mai.


Les modalités de l’évacuation du 26 mai
L’École n’ayant pas porté plainte sur l’occupation en tant que telle, les forces de l’ordre ont eu pour seule et unique mission de faire sortir calmement les occupants du 45 rue d’Ulm. Elles ne sont donc pas intervenues dans d’autres locaux et n’ont pas poursuivi physiquement les personnes dans l’enceinte du 45, comme peuvent en attester les membres du Comité de Direction et la médiatrice, tous témoins. Certain(e)s occupant(e)s ont ensuite organisé un rassemblement non autorisé sur la voie publique - en dehors de l’enceinte de l’École ; cette action ne peut relever de la responsabilité de l’École.

La diplomation
Afin de maintenir la cérémonie de diplomation à laquelle sont attachés les élèves et leurs familles, la date du 24 mai a été maintenue, mais la cérémonie a été déplacée hors de l’ENS en raison de sa fermeture au public et s’est ainsi tenue au Collège de France. La direction a rappelé en ouverture de la cérémonie les raisons et les mesures qui avaient entraîné cette délocalisation.
Des éléments rapportés depuis de manière erronée doivent être précisés.
Un discours spontané d’une étudiante a adopté une posture militante : il critiquait la mesure de fermeture de l’Ecole par la direction et il a déclenché dans la salle des réactions contradictoires. Contrairement à ce que certains ont affirmé, la Direction n’a aucunement témoigné son soutien à cette prise de position militante. Le discours suivant a partagé une expérience personnelle rappelant la possibilité d’une coexistence pacifique entre israéliens et palestiniens. Quelques autres discours ont repris la solidarité de la communauté étudiante pour toutes les victimes.
L'École a réouvert les portes du 45 rue d’Ulm le lundi 27 mai. Les événements publics portant sur le conflit israélo-palestinien, quand ils respectent le cadre académique, pourront continuer à avoir lieu, comme c’est le cas depuis le 7 octobre. Les séminaires mis en place, et les programmes de recherche comme celui sur l’antisémitisme pourront se poursuivre dans ce cadre. Les sujets de fond qui ont fait l’objet de préoccupations pourront être discutés, dans le cadre et les procédures des instances de l’Ecole.
La direction de l’Ecole tient à rappeler le rôle essentiel que peuvent et doivent jouer les établissements universitaires de formation et de recherche dans leurs missions et leurs cadres propres, avec l’ensemble de leur communauté et bien entendu toutes les étudiantes et tous les étudiants.

Anne Bouverot, présidente du Conseil d’administration de l’Ecole normale supérieure, Stéphane Israël, Président de la Fondation de l’ENS, et Jean Jouzel, Président du Conseil scientifique tiennent à faire savoir leur plein soutien à la façon dont la direction de l'ENS s'est organisée, et aux actions qu’elles ont mises en œuvre, pour répondre à l'occupation de son campus et la faire cesser.

 

 

Message de la Direction de l’ENS-PSL – 26 mai 2024, 19h

 

C’est à grand regret que nous informons que les échanges visant à mettre fin à l’occupation de la cour aux Ernest n’ont pas pu aboutir.
 
Depuis mardi midi, l'École a toujours privilégié une solution amiable. Samedi, elle s’est appuyée sur une médiatrice, acceptée par les occupantes et occupants. Après près de 48 heures de négociations, il a été acté qu'aucun accord n'était possible.
 
Parallèlement, des appels à un rassemblement à l’École ont été lancés sur les réseaux sociaux et, surtout, ont été postés par « Ens Ulm en lutte », les photographies et les noms, recouverts de gouttes de sang, de certains membres du CA de l’école. Une telle exposition irresponsable mettant potentiellement en danger des personnes qui se dévouent pour participer à la vie démocratique de l’École constitue un point de non-retour. Nous avions déjà exprimé dans un précédent message, avec notre souhait de continuer à échanger, les risques que présentait cette occupation.
 
La confirmation, peu après sur les réseaux sociaux, que l’occupation ne cesserait que lorsque toutes les demandes des occupants seraient satisfaites en leurs termes, nous a donc conduits à demander l’évacuation du campement, afin de mettre fin à ce que nous considérons comme une escalade dangereuse et inacceptable dans un établissement qui a toujours encouragé le débat et l’expression de ses étudiantes et étudiants et qui avait exprimé à plusieurs reprises sa compréhension des motivations des étudiantes et étudiants mobilisés.
 
Cela a été une décision très difficile à prendre mais elle vise à rendre à nouveau possibles toutes les activités qui donnent son sens à notre École, y compris sur ce sujet.

L'équipe de Direction

 

 

Message de la Direction de l’ENS-PSL – 23 mai 2024, 17h

Un comité de mobilisation pour la Palestine occupe depuis le 21 mai la cour aux Ernest de l’École. De multiples échanges ont eu lieu avec différentes délégations de représentantes et représentants depuis lors, afin de rappeler le cadre qui avait été fixé par l’école et le souhait de cette dernière de poursuivre et développer les actions qui s’y inscrivaient. Ces échanges n’ont malheureusement pas permis d’obtenir la fin de l’occupation.

C’est avec regret, mais dans le souci de préserver la sécurité des personnes et des lieux, et avec l’objectif d’aboutir à un règlement pacifique de la situation, que nous avons pris la décision de fermer le bâtiment du 45 rue d’Ulm, à compter de ce jour, et ce jusqu’à la levée de l’occupation. Seuls les élèves qui y logent sont autorisés à y entrer et des solutions concrètes pour les activités habituelles sont en passe d’être proposées.

L’ENS-PSL, qui a toujours souligné sa solidarité avec toutes les victimes et condamné les crimes de guerre, rappelle son vœu d’une solution pacifique qui comprenne un cessez-le-feu à Gaza et une libération des otages. Elle tient à souligner le cadre de son action et de ses missions universitaires et académiques qui permet en particulier l’expression de pensées contradictoires, dans des conditions d’écoute et de dialogue. Des séminaires et conférences ont été créés, pour certains à l’initiative d’étudiants, sur la Palestine et l’antisémitisme. L’école souhaite que ceux-ci puissent se poursuivre dans cet esprit.  L’École y veillera, de même qu’elle condamnera tout propos contraire à la loi. C’est ce cadre académique également qui la fait s’engager, aux côtés de PSL, à mettre en œuvre les moyens permettant l’accueil d’universitaires palestiniens ou israéliens – tel le programme Pause. De même, l’ENS encouragera l’accueil d’étudiants palestiniens et israéliens en leur assurant une aide au logement et un soutien financier.