Pandémie et biopouvoir - La nouvelle précarité contemporaine
Nouvelle parution aux Editions rue d'Ulm
À l'heure du déconfinement national, cette nouvelle parution des éditions Rue d'Ulm interroge sur la pandémie de Covid-19 en tant que nouvelle forme de la mondialisation. Son auteur, Jean Furtos, psychiatre des Hôpitaux honoraires, analyse avec finesse les mécaniques d'un biopouvoir planétaire et son influence redoutable sur nos sociétés contemporaines.
Résumé
Le sens de cet essai est clair : la pandémie à la Covid-19 est une forme inédite de la mondialisation, dont le management consiste à susciter une peur folle, en grande partie coupée de sa dangerosité réelle. Cette peur, caricature jumelle de la « mauvaise précarité » contemporaine, s’oppose à la « bonne précarité », autre nom de la solidarité entre personnes vulnérables, indispensable à la fabrique de la confiance nécessaire pour vivre en société.
Un exemple simple. Depuis quelques décennies, il est possible de voyager deux heures en TGV, de Paris à Lyon, sans que nos voisins immédiats nous parlent, nous sourient, nous regardent, même si nous tentons d’engager la conversation ou juste d’échanger quelques mots : c’est avoir le masque par une peur contagieuse de l’autre proche, peur que l’on retrouve… dans la pandémie. Et cela pas seulement en France, et avec des variations évidentes selon les régions du monde et les personnes.
Dans ce contexte, le sujet humain est réduit à l’angoisse constante de perdre sa vie biologique, otage d’un état d’exception permanent, ou urgence sanitaire, qui le rend fou d’incertitude quant à la fiabilité des liens sociaux et à la notion même d’avenir. C’est l’effet pervers du biopouvoir.
Les antidotes ? Tout ce qui facilite le retour à une bonne précarité et permet de vivre avec les autres, dans le grand temps. Et la compréhension du contexte dans lequel cette pandémie prend place : ni fantasme ni apocalypse, elle révèle et exacerbe le monde où nous habitons.
L'auteur
Jean Furtos est psychiatre des Hôpitaux honoraire, ancien chef de service en psychiatrie au Centre hospitalier Le Vinatier de Lyon-Bron et membre permanent de l’Association mondiale de psychiatrie sociale (WASP). Il exerce actuellement à l’hôpital de jour de la clinique La Chavannerie (69630 Chaponost – groupe ORPEA).
D’orientation psychanalytique, il a cultivé les marges, celles des thérapies corporelles qui déferlaient en France dans les années 1970, puis celles du travail avec les « politiques », juristes ou sociologues. Et celles, surtout, des troubles qui, pour une bonne part, relèvent de marges sociales et remettent en cause la définition de la maladie mentale. Inventif et engagé, il a mis en place de véritables réseaux de soins pour une « clinique psychosociale ».
Intéressé par le lien entre les pratiques émergentes, convaincu de la nécessité de fédérer des courants et de développer la recherche sur ces sujets, il a fondé l’Observatoire national Santé mentale & Précarité (Orspere-Samdarra) ainsi que la revue Rhizome.
Parmi ses très nombreuses publications, on citera notamment Les Cliniques de la précarité (Masson, 2008) et De la précarité à l’autoexclusion (Rue d’Ulm, 2009, 8e tirage 2018).