Près de 400 lycéens à l’ENS et à l’Ecole des Mines
Zoom sur le pôle PESU de l’ENS
Pour la première fois de son histoire, l’École normale supérieure a accueilli en son sein les Journées Portes Ouvertes inter-cordée, l’occasion de mettre en valeur le Programme pour l’Égalité scolaire et universitaire de l’ENS.
À propos des journées inter-cordées
De quoi s’agit-il exactement ? « C’est un rassemblement de l’ensemble des Cordées de la réussite des écoles membres de PSL », explique Tiphaine Malesevic, responsable de la cellule égalité des chances à PSL et à l’ENS. Le matin, les élèves ont assisté à trois conférences données par des professeurs de notre université. Ils sont venus de l’Université Paris Dauphine-PSL, de Chimie ParisTech-PSL, de l’École des Mines de Paris et de l’École. L’après-midi a été consacré à un forum d’échanges dans les jardins des Mines avec des étudiantes et des étudiants normaliens ou issus d’autres établissements de PSL.
Dépasser ses certitudes
L’implication de l’École normale supérieure au sein des Cordées de la réussite ne date pas d’hier. Dès 2006, une association d’élèves initiait la démarche avant que l’École ne s’engage institutionnellement dans le programme. Un service dédié, le pôle « Programmes pour l’Égalité Scolaire et Universitaire » (PESU) est ainsi mis en place en 2011. Il lui revient de conduire des dispositifs participant à la réduction des inégalités de réussite scolaire. Le Pôle PESU gère principalement deux programmes : Talens et Tutorens (voir encadré). Le premier cible les élèves venant de seize lycées (et dix nouveaux, cette année) d’Ile-de-France, encadrés par des tuteurs normaliens. Ils les préparent aux exigences académiques de l’enseignement supérieur en les initiant à des méthodes de raisonnement et de travail rigoureuses. L’engagement des normaliens est valorisé par des crédits ECTS.
« Auprès de ces lycéennes et de ces lycéens, nous mettons essentiellement l’accent sur la motivation, détaille Tiphaine Malesevic. C’est un frein, une forme d’autocensure, qu’on observe chez beaucoup d’élèves. Ils minimisent leur capacité de réussir, estimant que leurs études dans un quartier défavorisé les excluent d’emblée des Grandes Écoles. » Concrètement, les élèves suivent des cours de trois heures le samedi après-midi. « C’est compliqué de se déplacer à Paris le week-end pour quelqu’un qui vient de banlieue, surtout en ce moment où il y a beaucoup de travaux liés à la préparation des Jeux Olympiques et au Grand Paris. Il faut avoir de la volonté. Avoir conscience si jeunes que ce qu’ils font, c'est pour leur avenir, cela ne peut qu’être admirable », indique Tiphaine Malesevic.
« En tant qu’établissement d’enseignement supérieur, l’École doit particulièrement être attentive aux enjeux liés à l’éducation et à veiller à une diversité constante de ses élèves. C’est aussi pour cela que je fais ce métier. » Tiphaine Malesevic
Un tutorat dans les deux sens
Angélina Jean, aujourd’hui étudiante à l’ENS-PSL, faisait partie il y a dix ans de ces élèves épaulés par Talens. « J’étais en seconde dans un lycée de Mantes-La-Jolie, lorsque qu’on m’a transmis des formulaires pour Talens. C’était toute une aventure : tous les samedis matin, j’avais cours au lycée, puis je me précipitais dès la sonnerie pour attraper un train, puis le métro, qui me conduisait rue d’Ulm. » Elle explique que sa motivation n’était pas seulement celle de l’apprentissage : « C’était aussi la joie de retrouver des camarades de Talens que je ne voyais que le samedi. J’avais comme deux vies très différentes, une au lycée et l’autre à l’ENS. À l’École, les tuteurs nous incitaient largement à donner notre avis et nous pouvions débattre de thématiques qui nous intéressaient. » Tiphaine Malesevic confirme que le vivre ensemble est largement facteur d’implication des jeunes au sein du programme : « Il est important, pour nous, d’avoir des promos soudées : c’est souvent l’envie de retrouver ses amis sur le campus qui fait que les élèves se déplacent le samedi. » Dix ans après, Angélina Jean est aujourd’hui tutrice pour Talens : « Même si les programmes du lycée ont changé, je retrouve beaucoup de similarités. Mes tuteurs de l’époque m’ont beaucoup répété que j’avais le niveau pour intégrer l’École normale supérieure et sans eux, je n’aurais pas eu l’élan nécessaire pour tenter le concours. J’essaye d’insuffler cette même dynamique à mes élèves aujourd’hui. Le fait d’avoir été à leur place il y a dix ans permet de casser immédiatement le mythe qu’ils se font du normalien. »
Pour les tuteurs et les tutrices, Talens est aussi une belle occasion de se frotter pour la première fois à l’acte d’enseigner. « Ils font face à une mini classe, doivent gérer les personnalités. C’est important pour celles et ceux qui veulent confirmer leur choix de devenir professeur. Et plus pragmatiquement, ils et elles forment ensuite un beau réseau d’anciens tuteurs et tutrices au sein de l’éducation nationale, que je peux solliciter pour des interventions en classe », ajoute avec malice Tiphaine Malesevic.