Quand l’audition fait illusion
20 avril 2017
La mémoire auditive nous permettrait-elle de mieux percevoir les sons ? Le ton d’une discussion, les notes de musique d’une mélodie : faire le lien entre des sons successifs permet, par exemple, de déterminer comment leur hauteur va évoluer au cours du temps.
Des chercheurs du Laboratoire des systèmes perceptifs (CNRS/ENS Paris) viennent de montrer l’influence du contexte, comme les notes passées dans une mélodie, dans la façon dont nous établissons de façon inconsciente de tels liens entre sons.
Ils ont réalisé une série d'expériences, en laboratoire et en ligne, impliquant plus de 150 participants. Une illusion auditive inédite (voir le lien ci-dessous) utilisait des sons ambigus dont la perception pour l’auditeur est totalement différente selon le contexte. Les réponses des participants leur ont permis de démontrer que le contexte favorise les liens entre sons qui minimisent les changements acoustiques. En effet, les sons naturels tendent à évoluer progressivement : il est peu probable que la hauteur du chant d’un oiseau change brusquement au cours du temps. Ces résultats ont été confirmés par imagerie et soumis à un modèle statistique. D’un point de vue fondamental, cette illusion nous apprend que chaque son que nous entendons laisse en nous une empreinte, qui permet de prédire en partie les sons futurs, et modifie ainsi leur perception. Ces résultats ouvrent des perspectives pratiques, comme améliorer les prothèses auditives et leur résistance au bruit en intégrant les informations de contexte.
Références de l’article:
Prior context in audition informs binding and shapes simple features, Chambers, C., Akram, S., Adam, V., Pelofi, C., Sahani, M., Shamma, S. A. & Pressnitzer, D, Nature Communications, le 20 avril 2017
Contact chercheur CNRS
Daniel Pressnitzer l T 01 44 32 26 73 l daniel.pressnitzer@ens.psl.eu
Contact presse CNRS :
Anne-Sophie Boutaud | T 01 44 96 46 06 | anne-sophie.boutaud@cnrs.fr