Rencontre entre deux métiers du regard et de la relation
L’anthropologue Florence Weber et le photographe Jean-Robert Dantou forment des étudiants au dialogue entre sociologie et photographie
En septembre dernier, après dix ans de projets conduits en commun, l'anthropologue Florence Weber (ENS-PSL) et le photographe Jean-Robert Dantou (SACRe/ ENS-PSL/ Agence VU') ont mis en place une nouvelle expérience : former simultanément des étudiants de l’ENS-PSL à l’ethnographie et à la pratique de la photographie. Un stage de terrain qui mêle deux pratiques autour d’objets communs : les conséquences sociales, économiques et environnementales des transformations en cours à l’échelle d’une petite ville industrielle en milieu rural.
Rencontre entre une photographie consciente de ses effets et une sociologie attentive à la dimension visuelle de ses objets au détour d’un entretien croisé que nous ont accordé Florence Weber et Jean-Robert Dantou.
Atelier photographie et sciences sociales du contemporain
Quand et comment est née l’idée de votre collaboration autour de « Photographie et sciences sociales du contemporain » ?
FW : Nous avions déjà mené une recherche en commun sur la prise en charge quotidienne des patients de la psychiatrie, dans le cadre de la Chaire Handicap psychique et décision pour autrui. De mon côté je venais de terminer Brève histoire de l’anthropologie, où j’avais insisté sur l’importance des images dans ma discipline. Nous avons fait une première année de cours sur l’histoire des enquêtes, où nous parlions des images. Puis tout naturellement nous avons eu envie d’aller plus loin.
JRD : Nous avons été rejoints cette année, grâce au précieux soutien de Nadeije Laneyrie-Dagen (ENS-PSL), par les sociologues Jean-Marc Goudet, Paco Rapin, et l'historienne de l'art Léa Saint-Raymond, ainsi que par le photographe Rafaël Trapet. C’est avec cette nouvelle équipe complétée que nous avons pour la première fois, initié l’expérience de former des étudiants de l’ENS à la fois à l’ethnographie et à la pratique de la photographie.
Votre atelier mêle recherche et pratique photographique, comment cela se conjugue-t-il ?
FW : La recherche et la photographie sont des métiers qui s’apprennent en se faisant, il faut donc construire une recherche collective avec les participants. Cela passe par plusieurs étapes : bibliographie scientifique, recherche de documentation, pratique de l’autoanalyse, pratique de la photographie, pratique de l’enquête de terrain… jusqu’à des publications destinées à deux publics, sur place et dans l’univers de la recherche.
JRD : Notre atelier se décompose en deux temps : un temps de préparation avec des séminaires de recherche, puis un terrain d’enquête collective d’une semaine. Sur place, les étudiants sont invités à réaliser à la fois des entretiens et des prises de vue. Les encadrants sociologues proposent chaque jour, en fin de journée, des permanences méthodologiques pendant que les encadrants photographes animent des ateliers pratiques de prise de vue.
Quelle définition donner d'un atelier de terrain ?
FW : Aller au contact des personnes, dans les lieux qu’elles fréquentent (y compris les lieux virtuels), s’y confronter de façon active, en se présentant, en expliquant ce qu’on cherche et pourquoi, en restant attentif à tous les imprévus, à toutes les surprises intellectuelles. Cela suppose d’avoir du temps, d’être complètement disponible. L’enquête de terrain permet de répondre à des questions posées avant l’enquête (la préparation est cruciale), mais aussi de transformer ces questions en observant les lieux, les événements, les interactions, et en écoutant les personnes rencontrées.
Dans ce projet, les étudiants travaillent en binômes, quel est l’avantage de cette méthode ?
FW : C’est ce que nous pratiquons habituellement dans l’enquête de terrain sans photographie : cela permet à chaque étudiant d’éviter la grande solitude du terrain. Être deux sur le terrain, c’est bien utile : l’un agit, l’autre observe. Et quand il ne se passe rien, c’est plus facile de rester là à deux que seul. C’est bien utile aussi pour prendre des notes, mémoriser, confronter les interprétations.
JRD : Cette méthode permet également à chacun d’endosser un rôle spécifique en fonction de chaque interaction d’enquête : l’un est photographe, l’autre est sociologue. L’expérience nous dit qu’il est très difficile d’endosser les deux rôles en même temps, notamment parce que l’on ne regarde pas le monde de la même façon comme photographe et comme ethnographe. Ces deux métiers imposent des manières de regarder qui différent.
L’enquête dont nous parlons a eu lieu dans le contexte inédit de la crise sanitaire, comment cela a t-il influencé vos travaux ?
FW : Lors du premier confinement, nos étudiants et nous étions interdits de terrain. Nous nous sommes repliés sur les ressources en ligne pour la documentation, et nous avons leur avons demandé de prendre des notes sur leur expérience pendant les deux premières semaines, puis de prendre des photographies du confinement. Ces travaux sont passionnants et ils seront publiés dès que possible ! L’enquête était prévue en juin, nous l’avons reprogrammée en septembre. Il a fallu tout réorganiser dans l’incertitude : nous avons perdu des étudiants, d’autres sont arrivés. En revanche, une fois sur le terrain, la crise sanitaire semblait bien loin : la zone n’avait pas encore été touchée.
Ces travaux sont l’un des premiers témoignages sociologiques territoriaux sur les effets du Covid et du premier confinement. Quelles analyses pouvez-vous déjà en ressortir ?
FW : Le premier confinement a profondément ébranlé la confiance des étudiants dans l'État, dans la transmission et dans la construction du savoir. Il a remis en cause brutalement ce qui leur semblait donné : leurs relations familiales, leur mode de vie, leurs convictions politiques. En revanche, il n’a eu aucun effet sur le territoire étudié : nous étions loin des foyers de contamination, et si certains ont entretenu l’espérance de voir le marché immobilier « repartir », de voir des citadins s’installer, cela n’allait pas bien loin. Le territoire étudié a des atouts (une gare, un lycée spécialisé, une dynamique politique…) que n’ont pas d’autres territoires que nous étudions. La comparaison entre de petits territoires très contrastés est un outil majeur pour nos recherches en cours.
Une pédagogie pluridisciplinaire
Vous pratiquez une pédagogie « multi-métiers ». En quoi ce croisement des disciplines est-il formateur ?
FW : Ce sont deux métiers du regard et de la relation. Le sociologue apprend beaucoup en apprenant la photographie : le découpage du réel (le cadrage), la bonne distance avec les personnes photographiées, l’honnêteté (aujourd’hui, c’est plus difficile de cacher un appareil photo qu’un appareil enregistreur), la discussion sur le résultat… De son côté, le photographe découvre la science en train de se faire : les doutes, la remise en cause des préjugés sociaux, l’autoanalyse, la prise de risques intellectuels (s’autoriser à formuler des hypothèses), le souci obsessionnel de la vérification…
Quels sont les dialogues possibles entre un photographe et un chercheur en sciences sociales ?
FW : Ils sont de trois sortes : avant l’enquête proprement dite, il s’agit de trouver un terrain d’entente sur ce que nous cherchons chacun à découvrir, un univers social, un processus en cours, une prise sur le monde actuel ; pendant l’enquête (menée ensemble ou séparément), nous sommes complémentaires, nous partageons nos surprises, nos hypothèses ; devant les photographies, nous confrontons nos principes de jugement, quelle est la valeur de cette photographie dans l’univers photographique, quelle est sa justesse sociologique, quel effet fera-t-elle sur un public, est-ce qu’elle confortera des préjugés, est-ce qu’elle ouvre des perspectives neuves, est-ce qu’elle permet le dialogue entre des univers sociaux qui se méconnaissent finalement…
JRD : Dans le cadre du séminaire « Photographie et sciences de l’homme », nous avons entre 2017 et 2019 mis en lumière que ce dialogue est loin d’être une évidence. La photographie est en effet profondément disqualifiée pour sa participation à la fin du XIXe siècle à des théories raciales, identificatoires et psychiatriques radicalement délégitimées par la suite. L’un de nos points de départ pour rouvrir ce dialogue est la reconnaissance des domaines d’incompétence de chacun : le photographe comprend qu’il ne sait pas faire certaines choses, et inversement.
Qu’apporte la photographie aux sciences sociales ? Et inversement ?
FW : Prenons l’exemple des photographies d’Hélène Desy et de Mariia Galkina sur les relations de voisinage dans un quartier HLM. Elles ont servi d’accélérateur d’enquête (il aurait fallu davantage de temps pour entrer dans ce quartier sans la photographie), de révélateur de tensions (ce que disent les voisins les uns des autres), de déclic pour l’analyse (le lien concret entre le peuplement du quartier et les relations de quartier, actualisant les analyses célèbres de Chamboredon sur les grands ensembles des années 1970), et peut-être même de piste pour faire baisser ces tensions (par l’intermédiaire de l’exposition réalisée sur place).
"Une photographie armée par les sciences sociales devient un outil heuristique d’une grande puissance pour la description des sociétés."
Quelles particularités ont des travaux photographiques issus de méthodologies empruntées aux sciences sociales ?
FW : Pour moi, l’essentiel, c’est que les conditions du travail photographique soient bien documentées, y compris les tâtonnements pour arriver à l’œuvre finale. Ces travaux incorporent de façon explicite la discussion avec les sciences sociales, notamment en se demandant quels effets ils auront sur quels publics, y compris les personnes photographiées.
JRD : L’idée d’incorporer aux photographies une description des processus qui ont permis de les réaliser est extrêmement féconde : elle permet notamment d’arrêter de considérer les photographies comme des formes pures, comme tombées du ciel. Une photographie armée par les sciences sociales devient alors un outil heuristique d’une grande puissance pour la description des sociétés.
"La revisite, c’est l’équivalent de la reproduction des expériences de laboratoire : mais la relation d'enquête n'est pas reproductible, elle se poursuit, et les changements survenus sont eux-mêmes des résultats scientifiques. Les sciences sociales sont de part en part historiques."
Revue D’étape La Souterraine – Suite de l’enquête de terrain
A l’issue de l’enquête de terrain vous avez publié une revue La Souterraine – Revue d’étape, dite « expérimentale ».
FW : La revue fait comprendre ce qu’est l’enquête de terrain, avec ses étapes : documentation, premières questions, surprises, réorientations, approfondissements. Elle montre aussi ce que gagne l’enquête à utiliser la photographie, dans la relation d’enquête, dans la restitution, dans la mise en forme, dans la diffusion en dehors du terrain. C’était d’abord pour nous un pari : nous voulions que les étudiants expérimentent toute la chaîne de production du savoir sur la société, jusqu’à la (double) publication. Elle doit avoir une suite, permettre aux prochains étudiants de revisiter les travaux de leurs prédécesseurs : qu’est-ce qui a changé sur le terrain ? pourquoi je n’arrive pas aux mêmes conclusions ? La revisite, c’est l’équivalent de la reproduction des expériences de laboratoire : mais la relation d'enquête n'est pas reproductible, elle se poursuit, et les changements survenus sont eux-mêmes des résultats scientifiques. Les sciences sociales sont de part en part historiques.
JRD : La dimension expérimentale réside également dans notre volonté de créer les conditions de possibilité d’une réutilisation des matériaux d’enquête d’une année sur l’autre par les étudiants. Cela s’inscrit dans le cadre du développement du logiciel Archethno 2020, qui est présenté dans l’une des dernières double page de cette Revue d’étape, notamment pour ce qui concerne les questions de confidentialité des données.
Quels sont les dispositifs photographiques à même de rendre compte des inégalités ?
JRD : Il est impossible de répondre de manière générale à cette question. Le travail du photographe qui mobilise les sciences sociales est justement de repérer des signes, des détails matériels, des traces qui lui semblent significatives d’un mécanisme social, d’une situation de domination, d’une caractéristique sociologique. C’est à partir de ce qu’il observe sur le terrain que le photographe est invité à construire un dispositif à même de rendre compte de ses observations.
Quels peuvent être les effets des photographies sur les personnes rencontrées et sur le monde observé ?
JRD : Ces effets peuvent être parfaitement anodins comme extrêmement graves. En travaillant sur la psychiatrie, nous avons éprouvé les enjeux de la diffusion des photographies. Il était par exemple problématique, pour certaines personnes, d’apparaître en étant reconnaissables dans un livre parlant de psychiatrie. Pour d’autres au contraire, il était salutaire qu’une équipe tente de rendre compte, en image, de leur quotidien. Certaines personnes, par exemple, nous expliquaient qu’après avoir fait le constat qu’elles n’existaient dans l’espace public que dans des positions extrêmement stigmatisantes, elles avaient préféré ne plus exister en image du tout. Nombreuses étaient les personnes rencontrées qui n’avaient même plus une photographie d’elles-mêmes, et ce depuis des années.
Regards sur le monde - Deux expériences contemporaines
Dans le travail sociologique vous parlez de « prénotions ».
FW : Il s’agit des idées sur le monde social que nous avons tout un chacun, selon nos activités (professionnelles ou non), selon notre place dans la société, selon les sources de nos informations sur le monde (amis, parents, enseignants, lectures, informations…). Ce sont aussi des idées qui nous permettent d’agir dans le monde, en lien avec ce que nous sommes socialement et selon la façon dont les autres nous perçoivent. Il ne s’agit pas de s’en débarrasser, il s’agit d’en prendre conscience pour pouvoir les mettre entre parenthèses pendant le temps de la recherche. C’est à cette seule condition que nous pouvons rencontrer des personnes que nous aurions « instinctivement » évitées, que nous n’aurions pas prises au sérieux, que nous aurions rejetées.
"Il me semble extrêmement important de comprendre que la photographie porte en elle une transformation du monde. C’est la première chose que je tente d’enseigner aux étudiants : la réalité est une chose, sa représentation par la photographie en est une autre."
Peut-on parler de photographie militante lorsqu’elle se pratique dans une recherche en sciences sociales ?
JRD : Je ne parlerais pas de photographie militante, sauf à prendre la lutte pour l’indépendance de la science comme un acte militant, ce qui pourrait tout à fait se concevoir de nos jours. En revanche, il me semble extrêmement important de comprendre que la photographie porte en elle une transformation du monde. C’est la première chose que je tente d’enseigner aux étudiants : la réalité est une chose, sa représentation par la photographie en est une autre. Notre travail est de rendre compte, par le texte notamment, de l’écart entre le monde observé et sa représentation photographique. À cette condition seulement, la photographie peut devenir un matériau extrêmement efficace pour la science.
Depuis longtemps les sociologues s’intéressent à la photographie. Pouvez-vous nous citer des travaux, conjuguant ces deux aspects, qui vous ont marqué ?
FW : L’âge d’or de cette association date des débuts de l’ethnographie et de la photographie. L’un des travaux les plus impressionnants est celui de Spencer et Gillen, entre 1875 et 1912, en Australie centrale. Leur œuvre publiée a transformé en profondeur les savoirs sur les sociétés : elle est utilisée par Mauss dans toute son œuvre, et par Durkheim dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse, mais aussi par Freud. Allez visiter le site consacré à Spencer et Gillen , vous verrez la richesse des outils utilisés sur le terrain : photographies, cartes, schémas, dessins, esquisses… C’est plus tard que l’ethnographe a réduit ses outils graphiques à un seul, le « carnet de terrain ». Il est temps de redécouvrir le rôle de l’image dans la connaissance et pas seulement dans la création ou la fabrique de l’émotion.
"J’étais déjà persuadée qu’il y avait dans mon travail une part de documentation des bouleversements en cours, et j’étais parfois débordée par un sentiment d’urgence"
Pour finir, pouvez-vous nous dire si la crise sanitaire ( et ses implications ) ont des conséquences sur la vision de vos travaux ?
FW : J’étais déjà persuadée qu’il y avait dans mon travail une part de documentation des bouleversements en cours, et j’étais parfois débordée par un sentiment d’urgence. Aujourd’hui la documentation sur la crise sanitaire est devenue omniprésente, et il y a plutôt urgence à la trier ! Le premier confinement a agi comme un arrêt sur images : il ne se passait plus rien (pour moi) dans le monde universitaire (sauf mes cours) et j’ai pu travailler plus tranquillement. Le second confinement nous a au contraire littéralement débordés de travail : il fallait rattraper tout ce qui avait été reporté, et s’adapter à des conditions de travail parfois franchement absurdes. Quant à la crise sanitaire elle-même, elle a remis dans nos sociétés la mort comme horizon de la vie humaine, après trois décennies pendant lesquelles l’allongement de l’espérance de vie au grand âge nous avait fait oublier collectivement cette donnée fondamentale de l’existence.
(1) Qui avait débouché sur un ouvrage de photographies : The Walls Don’t Speak . Le résultat d’un dialogue de trois années entre le photographe Jean-Robert Dantou et une équipe de recherche interdisciplinaire en sciences sociales coordonnée par Florence Weber.
Les photos des étudiants réalisées pendant leur stage à La Souterraine. De gauche à droite et de haut en bas.
Des jeunes du quartier du Puycharraud et des villages alentours se retrouvent après l’école à côté du terrain de foot de la rue Jules Ferry. Cette photographie fut prise derrière le filet de foot dont on ne voit qu’un seul fil vert qui parcourt le milieu de l’image. La Souterraine, le 16 septembre 2020 © Hélène Desy et Maria Galkina. Conflits de voisinage dans un quartier d'habitat social.
Le transat de Ray, où il aime prendre le soleil, dans une pièce du premier étage de sa maison donnant sur le balcon. Domicile de Ray, La Souterraine, le 16 septembre 2020 © Élise Hutereau et Samuel Clack. Les nouveaux acheteurs immobiliers à La Souterraine : mythes et réalités.
Jean-Marc Du Courtioux, 56 ans, raconte l’histoire de l’usine et se confie sur son vécu de la lutte. Locaux de l’Union Locale de la CGT. La Souterraine, le 16 septembre 2020 © Zoé Brioude et Natalia Baudoin. Une fermeture d'usine médiatisée.
Photos de famille accrochées dans le bar « Le Cyrano » à coté du comptoir, au-dessus d’une des tables. Place Montaudon Bousseresse, La Souterraine, le 17 septembre 2020 © Meng Kou et Martin Flori. Les commerces du centre ville : Ressources familiales, ressources collectives.
Ambulanciers raccompagnant une patiente à son domicile, photographie réalisée à environ un quart d’heure de La Souterraine, le mercredi 16 septembre 2020 © Camille Akoun et Alice Rosenthal. Un cas de désertification médicale ? Nouvelles professions et implication des institutions médico-sociales.
A propos de Florence Weber Florence Weber enseigne la sociologie et l’anthropologie sociale à l’Ecole normale supérieure/PSL University, Centre Maurice Halbwachs. Elle a rédigé avec Stéphane Beaud le "Guide de l’enquête de terrain", à La Découverte (constamment réédité depuis 1997) et travaille sur l’articulation entre économie de marché et échanges non marchands, d'abord dans la France industrielle en milieu rural ( "Le travail à-côté", 1989, traduit en portugais ), puis dans le cas de la prise en charge familiale et professionnelle des personnes dépendantes, en lien avec les transformations de la protection sociale. Elle s'est également intéressée à l'histoire des sciences sociales, avec une "Brève histoire de l'anthropologie" chez Flammarion et la réédition raisonnée de l'œuvre de Marcel Mauss dans la collection Quadrige-Classiques au PUF.
A propos de Jean-Robert Dantou Jean-Robert Dantou est doctorant SACRe , moniteur au département Arts de l'ENS-PSL et photographe à l'agence VU'. Fort de sa double formation à l’École Louis Lumière et à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Jean-Robert Dantou explore depuis une dizaine d’années les liens entre photographie et sciences sociales. Photographe impliqué, il s’engage dans des projets documentaires au long-cours et/ou collaboratifs aux Etats-Unis, en Allemagne, en Asie, au Chili et en France, sur des problématiques liées à la mémoire, à la santé mentale, aux migrations et à la vie sociale. Il a animé pendant 4 ans des ateliers visuels et sonores auprès de primo-arrivants du collège Jean Renoir de Bondy (« Un Mur à l’Horizon ») et a participé pendant 3 ans à la Chaire « Handicap psychique et décision pour autrui » ( ENS –INSA ). En 2014, il intègre le projet documentaire, artistique et citoyen « La France vue d’ici » ( Mediapart et ImageS ingulières ) où il entreprend une enquête photographique sur « Les Territoires de lutte » de la France contemporaine. Partageant son travail entre commandes institutionnelles et résidences artistiques, ses travaux donnent lieu à de nombreuses expositions, et à la publication de plusieurs ouvrages tant sur la Chine contemporaine (« Ombres Chinoises », ed. Atlantica 2004), que le monde coopératif français (« Ceux qui aiment les lundis », ed. Le Chêne 2012), les petites et moyennes entreprises (« Mon entreprise prend la pose », ed. Democratic Books 2010), ou la santé mentale (« Les murs ne parlent pas », ed. Kehrer 2015). |