« Sur les questions de justice, d’équité et d’acceptabilité des politiques climatiques, le dialogue avec le grand public est indispensable »

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de vos recherches ?

Katheline Schubert : Je suis professeur d’économie à l’université Paris 1 et à l’École d’Économie de Paris.  Mes recherches portent sur l’économie de l’environnement et des ressources naturelles. Mes travaux les plus récents portent sur la transition énergétique et plus généralement sur l’économie du climat, avec une perspective macroéconomique.

Vous participez à la Nuit de l’énergie de l’ENS, pouvez-vous nous offrir un avant-goût de la conférence que vous y donnerez ?  Comment le sujet de votre conférence s’inscrit-il dans les enjeux contemporains ?

Katheline Schubert : La conférence que je vais donner porte sur la transition énergétique juste. L’idée est la suivante : pour atteindre l'objectif Zéro Émissions Nettes à l’horizon 2050 que se sont donné la France et l’Europe, une transition énergétique rapide des énergies fossiles – dont la combustion est émettrice de carbone – vers les énergies décarbonées est indispensable. Elle va nécessiter une augmentation conséquente du prix des énergies fossiles, des investissements publics et privés massifs, des changements de comportements et de modes de production. Mais la mise en place de politiques climatiques ambitieuses nécessaires pour lutter contre le réchauffement climatique est difficile ; on assiste même en ce moment à un retour en arrière sur plusieurs fronts. En effet, les énergies fossiles ont façonné très profondément les modes de production et les modes de vie. Les transformations structurelles indispensables sont massives et coûteuses. Il n’est donc pas étonnant que les réticences et les oppositions soient importantes. L’une des conditions nécessaires pour que la transition ait lieu est qu’elle soit juste : les politiques climatiques doivent être conçues de manière à ne pas peser de façon disproportionnée sur les plus vulnérables. La conférence présentera les différentes options possibles à la lumière des travaux de recherche les plus récents.

En tant que chercheuse, pourquoi est-ce important de participer à cette nuit ? Et pourquoi est-ce si important que le grand public vienne à cette Nuit ?

Katheline Schubert : Les économistes ont depuis longtemps répondu à la question de l’efficacité des politiques climatiques. Sur les questions de justice, d’équité et d’acceptabilité des politiques en revanche le dialogue avec le grand public est indispensable. La nuit de l’ENS est l’occasion d’un tel dialogue.