« Voyage au cœur de l’atome » depuis les bancs de l’École

Ils se sont rencontrés et ont sympathisé sur les bancs de l’École, unis autour d’une même passion : la physique. « Avoir un sujet que tu ne peux partager qu’avec un nombre réduit de personnes crée forcément du lien. La physique a été la première chose qui nous a réunis, puis nous nous sommes trouvés bien d’autres points communs », explique Adrien Bouscal, en 3ᵉ année de thèse en optique quantique à Sorbonne Université. « Nous étions en colocation et après les cours, c’étaient souvent des longues heures de débats sur les maths et la physique », renchérit Stéphane d’Ascoli, en 3ᵉ année de thèse, travaillant à l’interface entre physique statistique et intelligence artificielle à l’ENS-PSL.  

Inspiration YouTube

À deux, ils ont publié en mai dernier « Voyage au cœur de l’atome », « une épopée à travers les concepts les plus fous de la physique quantique ! », s’enthousiasme Stéphane, qui n’en est pas à son coup d’essai. En 2021, il avait déjà publié, également avec un camarade d’École, Arthur Touati, « Voyage au cœur de l’espace-temps » et en 2020, deux livres écrits seul, sur son sujet de prédilection, l’Intelligence Artificielle. « Je pense que mon désir d'écrire est né d’une frustration par rapport à la thèse. C’est quelque chose qu’on ne dit pas assez aux futurs doctorants : la première année de thèse est vraiment difficile. La lenteur et la solitude du travail de chercheur, ainsi qu’une certaine forme de syndrome de l'imposteur, marque les débuts de thèse. Écrire m’a beaucoup aidé », explique-t-il. Les deux amis font le choix de la vulgarisation scientifique. « Les vidéos YouTube (Science Etonnante par exemple) ont été une forte source d’inspiration. J’ai beaucoup appris avec ce format, avant et surtout pendant la prépa. La volonté du livre part de là, je crois », indique Stéphane. Les deux auteurs décident ensemble de dix sujets, dix applications concrètes de la physique quantique ; l’occasion pour le lecteur de découvrir : comment traverser des murs, craquer des codes bancaires, téléporter des messages secrets, fabriquer des chats morts-vivants ou encore faire léviter des grenouilles ! « Le fait que l’ENS-PSL soit aussi pluridisciplinaire m’a donné un bagage général qui m’a, ensuite, permis de faire de la vulgarisation. On rentre dans les détails dans quasiment tous les domaines », indique Adrien.

« En essayant d’expliquer certains concepts, je les ai parfois mieux compris ! »

« J’ai compris, alors que je pensais que c’était impossible »

« De manière générale, je trouve que dans les études supérieures et notamment en France, on ne nous met pas assez d’étoiles dans les yeux. On ne nous donne pas l’intuition ou la bonne anecdote pour faire rêver les futurs et futures scientifiques, raconte Stéphane. Le Covid et les anti-vaccins ont révélé certains échecs de la vulgarisation scientifique. Quand on maintient (volontairement ou non) les gens dans une forme d’ignorance, ce sont forcément les répercussions que l’on constate, complète Adrien. Il faut ramener la science au niveau de tout le monde et ne surtout pas tomber dans le snobisme. L’opinion publique saisit mal la différence entre science et recherche. On pense souvent que le doute est le moteur de la science. Or, c’est essentiellement celui de la recherche. La science au contraire s’appuie sur des éléments déjà prouvés. »

Malgré ce choix de commencer chaque chapitre par des anecdotes, les deux auteurs ont l’ambition de construire chaque chapitre comme un cours accessible : « Nous voulons vraiment que les gens se disent à la fin de la lecture : « J’ai compris, alors que je pensais que c’était impossible ». Cette approche m’a beaucoup aidé pour les questions de légitimité et sur ma thèse. En essayant d’expliquer certains concepts, je les ai parfois mieux compris (Rires) », s’amuse Adrien. Et la suite ? Le premier livre s’étant bien vendu, les deux amis espèrent faire aussi bien. Stéphane envisage d’accompagner un troisième tome centré sur la biologie cellulaire : « Voyage au cœur de la cellule. », qui sera écrit par un ami, Ferdinand Jagot.  Mais, cela sera pour plus tard. En attendant, il doit valider sa thèse. Quant à Adrien, il continue ses recherches et espère pouvoir soutenir sa thèse l’année prochaine.