Environnement. Une histoire (post)coloniale (19e-21e siècles)

Séminaire du département d'histoire

Délimiter et administrer des territoires dits naturels, définir et imposer des « bons » usages et des « bonnes » représentations de l’environnement, exploiter des ressources au bénéfice de certains ou exclure de leur usage certaines populations : les rapports sociaux à l’environnement sont toujours le produit de rapports de pouvoir. Et ce d’autant plus en contexte impérial. La colonisation européenne fut le vecteur de luttes socio-environnementales permanentes qui seront abordées dans ce séminaire au prisme d’un double questionnement : qu’est-ce que les empires ont fait à l’environnement, et en retour, qu’est-ce que l’environnement a fait aux empires ?
Jordan Beal, Sans titre – Série Brumes, 2024, DR
Jordan Beal, Sans titre – Série Brumes (détail), 2024, DR

Cette réflexion sur la nature saisie par un pouvoir qu’elle transforme en retour permettra aussi, surtout, de penser l’histoire des sociétés d’anciennes colonies d’Afrique, d’Asie ou des Caraïbes au-delà d’une chronologie eurocentrée qui sépare le temps colonial du temps postcolonial. Façonner la ville, étudier et expertiser l’environnement en circulant de pays en pays et de continent en continent, mettre l’ingénierie naturaliste au service du développement, exploiter les ressources de la mer et des grands lacs, construire l’extractivisme industriel, travailler la nature et travailler dans la nature, résister à l’emprise sur la nature, se réapproprier, ou pas, les manières coloniales de gouverner la nature : ces dynamiques socio-écologiques sont le produit d’acteurs et d’actrices, d’actions et de connexions dont l’histoire peut être restituée sur la longue durée contemporaine, du milieu du 19e siècle, jusqu’au temps présent.

Programme

Mardi 28 janvier 2025 

Itinéraires et connexions naturalistes
Hélène Blais, « Du cap de Bonne Espérance à Oran, en passant par les Landes. Itinéraire transimpérial d’un forestier au XIXe siècle »
Guillaume Blanc, « Les mondes connectés de la nature “africaine” (années 1950 - années 1970) »

Mardi 4 février 2025 

De sommets en sommets
Delphine Froment (Université de Lorraine, CRULH), « Un nouveau Playground of Europe ? Exploration, colonisation et naturalisation du Kilimandjaro à l’orée du XXe siècle »
Pascal Marichalar (CNRS-IRIS), « Mauna Kea, la montagne aux étoiles. Une enquête sur les terres contestées de l'astronomie à Hawai’i, des années 1960 à nos jours »

Mardi 11 février 2025 

Travailler la nature
Hélène Blais, « Les enfants au travail : jalons pour une histoire des colonies pénitentiaires agricoles »
Jonas Matheron (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Sirice), « Les forestiers au travail pour l’appropriation coloniale des forêts algériennes (XIXe-XXe siècles) »

Mardi 18 février 2025 

Poissons d’empire
Fabien Locher ((EHESS-CNRS, Centre de recherches historiques), « Souveraineté et mise en valeur des eaux coloniales : l’exploitation des ressources marines en AOF et en AEF (1900-1950) »
Hugo Vermeren (CNRS, TELEMMe), « Cartographier les fonds de pêche maghrébins. Ébauche d’une colonisation verticale (fin XIXe - années 1930) »

Mardi 11 mars 2025 

La nature de l’urbain
Cédric Feriel (Université Rennes 2, Tempora), « L’ONU et les “établissements humains”. Gouverner l’urbanisation du “Tiers-monde” par l’environnement dans les années 1970 »
Aude Nuscia Taibi (Université d’Angers, ESO, IUF), « Le végétal en villes coloniales, entre héritage et patrimoine »

Mardi 25 mars 2025 

Une globalisation volcanique
Chris Ballard (Australian National University), « Global events before globalisation: the volcanic eruption of Kuwae, 1450s CE »

Mardi 8 avril 2025 (9h30-12h30 ; 14h-17h) 

Atelier d’histoire environnementale des empires
Présentation et discussion de travaux de doctorant.es : Lucas Barreteau (Université Jean Moulin Lyon 3) ; Salomé Ketabi (EHESS) ; Simon Lardemelle (ENS-PSL) ; Romain Old (Université Rennes 2) ; Lucas Privet (ENS-PSL)

Mis à jour le 9/12/2024