Judith Schalansky ou le livre, mémoire du monde

Colloque de l'EUR Translitterae

Formée à l’histoire de l’art et au graphisme, Judith Schalansky crée des livres qui sont autant d’objets, une œuvre qui s’écrit et qui se lit à partir de l’histoire du livre. Ses ouvrages lui ont déjà valu de nombreux prix prestigieux en Allemagne et à l’étranger, comme tout récemment le Wortmeldungen-Literaturpreis für kritische Kurztexte.
Ce colloque, le premier consacré à son oeuvre en France, explorera les différents enjeux de sa création à partir de l’objet livre. Ceux relatifs à la matérialité du livre soulèvent en outre des questions spécifiques en termes de réception de l’œuvre, qui seront également envisagées durant ces deux jours.
Nature morte de Simon Renard de Saint André
Nature morte de Simon Renard de Saint André

Lien vers le programme

Formée à l’histoire de l’art et au graphisme, Judith Schalansky (née en 1980 à Greifswald) crée des livres qui sont autant d’objets, une œuvre qui s’écrit et qui se lit à partir de l’histoire du livre et que Monika Schmitz-Emans classe parmi ce qu’elle appelle la « littérature du livre » (Buchliteratur). Ses ouvrages lui ont déjà valu de nombreux prix prestigieux en Allemagne comme à l’étranger, le dernier en date étant, tout récemment, le Wortmeldungen-Literaturpreis für kritische Kurztexte.

En prenant appui sur une conception du livre comme réceptacle de savoir et emblème de la mémoire, les livres de Judith Schalansky renouvellent les questionnements qui traversent la littérature contemporaine de langue allemande : le rapport entre fiction et non fiction, la question de la mémoire, les relations entre texte et image, les liens entre littérature et science, les formes de l’éco- et de la ‘zoopoétique’ (Anne Simon).

Ce primat accordé au livre réorganise l’histoire générale de la littérature : il y fait entrer de plain-pied ce qui en était exclu ou situé dans ses marges, des insulaires de la Renaissance au manuel d’écolier en passant par les écrits de scientifiques du XVIIe siècle – ravivant ainsi la première acception du terme « littérature » au sens « de tout ce qui est écrit ». Schalansky semble renouer avec le projet littéraire d’explorer la nature en l’écrivant. Ce geste si typique de ce moment de la littérature où science et littérature ne s’excluaient pas encore, comme en témoignent encore les œuvres d’un Stifter, d’un Raabe, d’un Storm ou d’un Novalis, s’avère plus actuel que jamais.

Alors que l’histoire de l’édition fait l’objet d’une attention accrue dans les travaux universitaires en littérature, les livres de Judith Schalansky, qui sont aussi ceux qu’elle édite au sein de deux collections, « Naturkunden » et « Wildes Wissen », aux éditions Matthes & Seitz, nous ramènent une nouvelle fois vers la question des conditions pragmatiques de l’écriture. Faut-il voir dans la collaboration avec Matthes & Seitz une forme actualisée, voire exacerbée, d’« auctorialité éditoriale », selon le terme forgé par Tobias Amslinger ?


 

Mis à jour le 8/12/2023