
La lutte des peuples traditionnels
Séminaire Décoloniser la pensée : Regards autochtones
La colonialité du pouvoir reste active sur le plan mondial, mais comment la démanteler ? Compte-tenu de l’exclusion fondatrice des peuples autochtones de l’architecture du pouvoir et de la raison moderne, le séminaire vise à réfléchir à la mise en œuvre de la décolonialité à partir des perspectives d’activistes et chercheuses/eurs autochtones.

La lutte des peuples traditionnels : Agroécologie et résistance féminine Guarani-Kaiowá
Intervenante : Maristela Aquino, Guarani Nhãndeva, doctorante en Géographie à l’université fédérale de la Grande Dourados (UFGD).
Biographie : Maristela Aquino, issue du peuple Guarani Nhãndeva, est doctorante à l’université fédérale de la Grande Dourados (UFGD) en Géographie. Diplômée d’une licence en Pédagogie au Centre universitaire de Grande Dourados et d’un Master en Anthropologie à l’UFGD, elle est institutrice dans le système public brésilien. Spécialiste dans le domaine de l’enseignement autochtone, en particulier concernant les méthodes et techniques d’enseignement, ses principaux travaux portent sur : les savoirs autochtones, l’agroécologie, la culture intercalaire, l’ethnodurabilité et l’enseignement monolingue. Lauréate du programme Bourse Guata, elle effectue une mobilité à l’université Paris 8.
Résumé : Ce travail consiste en une analyse de la lutte des peuples Guarani Kaiowá, focalisée sur la résistance féminine et la pratique de l’agroécologie comme une stratégie de survie et résistance à l’impact des grandes entreprises transnationales de l’agronégoce et à la faim, la rareté de l’eau et le sol infertile qui en résulte. Initialement, elle contextualisera le concept de « tekoha », territoire ancestral des Guarani Kaiowá, et l’expropriation historique de leurs terres dans l’État du Mato Grosso do Sul, au Brésil. Ensuite, elle abordera le processus de confinement des Guarani Kaiowá dans des réserves autochtones et les conséquentes réappropriations de leurs terres ancestrales. Dans le cadre de cette dynamique, elle mettra en évidence le dilemme de la famine et la rareté de l’eau dans les réserves, particulièrement à Dourados, et présenterai des récits ethnographiques à propos des familles Guarani Kaiowá qui survivent dans des conditions précaires, en collectant des aliments dans des décharges à ciel ouvert. Dans ce cadre, elle mettra en avant l’importance de l’agriculture dans la culture Guarani Kaiowá et la résistance à travers la pratique de cultures en rotation et agroécologiques. L’usage de semences « crioulas » traditionnelles émerge comme une stratégie fondamentale pour assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle lors des réappropriations de terres ancestrales, en renforçant l’autonomie et l’auto-durabilité des communautés. Finalement, elle mettra en évidence le rôle central des femmes Guarani Kaiowá comme des gardiennes des semences traditionnelles et de la culture ancestrale, en agissant comme des protagonistes de la construction des luttes dans les territoires comme un espace de production des connaissances traditionnelles, de science autochtone et le soin avec la nature et la résistance. Le travail est conclu avec l’importance de renforcer les cercles de savoirs traditionnels et les réseaux de solidarité entre les femmes Guarani Kaiowá, en visant à préserver leurs territoires et à promouvoir la souveraineté alimentaire.
Mis à jour le 13/2/2025