« En biologie, l’émerveillement est au bout du microscope »

Désormais en première année de thèse à Lyon, Élise Cheynet s’est spécialisée dans les neurosciences au cours de sa scolarité à l’ENS-PSL. Son binôme de travail ? Un intrigant organisme microscopique d’environ un millimètre de long, le nématode Caenorhabditis elegans, grâce auquel elle étudie diverses protéines et mécanismes cellulaires.

Portrait de Elise Cheynet

Enfant, lorsqu’on lui demandait ce qu’elle voulait faire plus tard, Élise Cheynet répondait sans hésitation : « trouver des médicaments pour guérir les personnes malades ». Sa curiosité pour le monde qui l’entoure et son attirance pour les matières scientifiques au collège, puis au lycée, l’ont rapidement orientée vers le monde de la recherche et de la biologie, qu’elle rêve déjà de rejoindre, alors adolescente.  

C’est en 2016 qu’Élise, en terminale S, spécialité SVT au lycée Saint-Michel de Château-Gontier en Mayenne, découvre l’ENS par le biais d’Internet. Elle se rend aux portes-ouvertes de l’établissement et c’est une véritable révélation pour la lycéenne. Ce jour-là, elle échange avec une chercheuse de l’École, qui lui explique que l’établissement est idéal pour faire de la recherche. « Cela m’a beaucoup motivée, témoigne Elise. Quand je suis revenue de ces portes-ouvertes, ma mère m’a dit que j’avais l’air d’avoir trouvé ma voie. »

Se faire confiance

Après l’obtention de son bac S, Élise se dirige alors vers une classe préparatoire BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) au Lycée Sainte-Geneviève de Versailles. « Malgré une charge de travail importante, il y avait une très bonne ambiance au sein de notre promo », se rappelle-t-elle. « Ces deux années ont été très positives pour moi. Non seulement j’y ai énormément appris mais elles m’ont aussi permis d’accéder à l’ENS. »

La normalienne se souvient des épreuves orales. Après avoir particulièrement appréhendé les khôlles, elle choisit de changer de perspective : « je me suis dis que j’allais prendre du plaisir dans la discussion, et que la personne en face de moi était avant tout présente pour essayer de tirer le meilleur de moi-même. Cela m’a ensuite servi pour les oraux du concours ». Être positive et se convaincre que l’on peut y arriver. Deux conseils que la normalienne adresse à toutes celles et ceux qui souhaiteraient intégrer l’ENS-PSL.

Chaque jour, une nouvelle idée

Heureuse de faire ses premiers pas au sein de l’établissement, Élise est d’abord un peu déroutée par le format des enseignements de l’École : « les cours à l’ENS étaient très différents de tout ce que j’avais pu connaître auparavant », reconnaît-elle. Mais l’étudiante prend vite ses marques : en première année, outre ses cours, Elise est en immersion expérimentale dans un laboratoire de l’Institut de biologie de l’ENS (IBENS) deux fois par semaine. Elle se plonge dans l'infiniment petit, découvre la minutie des manipulations scientifiques et les multiples facettes de la recherche : « j’aime son aspect créatif : chaque jour, on va avoir une nouvelle idée, une nouvelle problématique à résoudre, c’est très varié », explique Elise. « Et en biologie, il n’est pas rare de s’émerveiller au microscope », ajoute-t-elle en souriant. En parallèle, l’étudiante s’épanouit dans sa vie personnelle, tissant de nouvelles amitiés sur le campus : « j’ai fait beaucoup de belles rencontres à l’ENS et j’avais un bon petit groupe d’amis avec qui j’espère longtemps garder contact. »

Curieuse de tout et hésitante quant à sa spécialisation, la normalienne effectue plusieurs stages, qui l’ont « beaucoup aidée » à s’orienter. Élise prendra d’abord le temps d’une année de césure durant sa scolarité intégrant pour quelques mois tour à tour l’équipe d’un laboratoire lyonnais, au sein de l’Institut NeuroMyoGène, puis à Lisbonne celle de l’Institut Champalimaud. C’est une expérience dans le laboratoire Claire Bénard à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) en Master 1 qui va tout changer. Elise travaille sur le nématode Caenorhabditis elegans, un vers transparent microscopique que l’une de ses professeures lui fait découvrir. Il offre un incroyable système expérimental aux scientifiques : « C.elegans est un terrain de recherche fascinant, qui offre de multiples possibilités. Il a permis de nombreuses découvertes », souligne Élise. Un exemple de son potentiel ? En 2002, H. Robert Horvitz et John E. Sulston ont remporté le prix Nobel de médecine pour leur étude des gènes-clés régissant le développement de l'organisme de C. elegans et la mort programmée de ses cellules.

Le quotidien dépend de la science

Pendant sa scolarité à l’ENS-PSL, attirée par l'infiniment petit, Élise s’est progressivement orientée vers la biologie cellulaire. Elle découvre l'électrophysiologie, centrée sur l’étude de l’activité électrique des neurones, qui l'enthousiasme : « je ne connaissais pas cette discipline mais j’ai adoré, cela m’a donné envie de me tourner vers les neurosciences ». Un domaine dans lequel elle se spécialise en deuxième année de Master, avant de poursuivre en doctorat sur des aspects plus moléculaires et cellulaires depuis septembre 2022. À Lyon, à l’Institut NeuroMyoGène, elle continue d’utiliser C. elegans comme modèle : « je m’intéresse aux mécanismes qui assurent la bonne localisation de protéines à l’échelle subcellulaire, c’est-à-dire à l’intérieur de la cellule », explique la doctorante. « Il s’agit de découvrir comment certaines protéines sont envoyées à l’avant où à l’arrière des cellules musculaires. » Un sujet de recherche qui permettrait à terme de mieux comprendre le fonctionnement de ces cellules mais aussi certaines maladies musculaires.

Cet amour de la recherche et de la biologie, Élise espère bien le transmettre un jour aux plus jeunes, et leur donner quelques clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure : « c’est très important de transmettre la science, car tout ce qui se passe au quotidien comme le réchauffement climatique ou encore la création de vaccins, en dépend », affirme-t-elle.

Si la normalienne se voit « pour le moment dans la recherche », elle envisage aussi l’enseignement comme une carrière possible. Élise, qui a déjà fait ses premières armes en faisant passer des khôlles aux classes préparatoires et en donnant quelques cours de soutien scolaire, se verrait bien professeure dans un collège ou un lycée. « C’est là où tout se joue pour les élèves, là où il est plus facile de les motiver », estime-t-elle. À court terme, Élise souhaiterait d’abord s’impliquer dans un projet de vulgarisation scientifique. Même si sa thèse l’occupe beaucoup au quotidien, la doctorante espère trouver le temps de transmettre sa passion.

 

Mis à jour le 20/9/2024